Le Congrès scientifique des enfants

Science e(s)t engagement citoyen
© Cité de l'espace

Pour sa 10è édition, le Congrès scientifique des enfants, créé par la Cité de l’espace de Toulouse, se déploiera au niveau national en 2018/2019, avec toujours le même objectif : faire confiance aux élèves et leur donner la parole, en leur proposant d’imaginer leur « collège sur la Lune ».

Comme de vrais scientifiques en congrès

Donner le goût des sciences et susciter des vocations : cet objectif commun à tous les acteurs de la culture scientifique fait naître de nombreux projets de sensibilisation auprès des scolaires. Ces initiatives font souvent la part belle à l’aspect expérimental du travail scientifique. Visites de laboratoires, blouses blanches, paillasses, dispositifs expérimentaux, l’élève se retrouve régulièrement immergé dans l’environnement quotidien d’un chercheur, dans la réalité de son activité au sein d’un laboratoire, ou sur un terrain d’expériences. Mais il est une réalité moins connue du métier scientifique, et pourtant partagée par tous ses acteurs, quelles que soient leurs disciplines : la participation à des congrès.

Pour le chercheur, le moment du congrès est doublement réjouissant. Il lui permet d’abord de s’extraire de son cadre quotidien, de ses activités possiblement récurrentes pour rejoindre des contrées plus ou moins exotiques mais souvent garantes d’un dépaysement plaisant. C’est dans ces lieux neutres qu’il pourra rencontrer ses collègues, associés, partenaires, rivaux parfois, pour des échanges fructueux et toujours riches d’enseignements. C’est là le deuxième intérêt du congrès, le plus fondamental, évidemment : exposer les résultats de ses travaux à sa communauté, les confronter à ceux des autres, dans un « tout petit monde », sans autre organe de validation que celui des pairs.

Remplacez ces chercheurs par des élèves : vous obtiendrez les mêmes motivations pour qu’ils participent à l’événement, en leur permettant de développer des compétences (recherche documentaire, expression orale…), pour devenir eux-mêmes vecteurs d’apprentissage de nouvelles connaissances auprès d’autres élèves.

Fidèle à sa vocation éducative, la Cité de l’espace de Toulouse a proposé, dès 2009, à plus de 200 élèves de cycle 3 des écoles primaires de Toulouse de relever le défi suivant : participer à un congrès scientifique… des enfants. Et pour cela, elle s’est donnée une contrainte prioritaire : organiser l’événement en respectant scrupuleusement la forme d’un véritable congrès de chercheurs : badges nominatifs, sessions orales, posters, keynote speaker, mallettes (et leurs goodies !) et pauses jus de fruits…

Des doctorants accompagnateurs

La mise en place du projet a été rendue possible grâce à une collaboration étroite avec l’académie de Toulouse et l’Université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées. La première a permis de faciliter le recrutement des classes, et garantir la cohérence des activités avec les attentes des programmes scolaires. La deuxième a proposé un accompagnement du travail des élèves par des doctorants, qui se sont rapidement révélés comme les véritables chevilles ouvrières du projet. Le projet est également soutenu par la MGEN et la Caisse des dépôts et consignations.

En amont de l’événement, qui se tient à la Cité de l’espace en fin d’année scolaire, les doctorants interviennent à plusieurs reprises dans les classes afin d’aider les élèves à identifier leur sujet autour d’un thème annuel (en lien avec l’espace ou l’astronomie), à mener des recherches documentaires, à réaliser un poster ou à préparer leur présentation orale. Ces doctorants réalisent ce travail dans le cadre d’un atelier projet, inscrit dans leur contrat doctoral. Ils sont choisis suite à un appel à candidatures, sur des critères de motivation, essentiellement. Leur principal rôle est d’accompagner les jeunes élèves d’un point de vue méthodologique.

Mixité sociale et estime de soi

Après un appel à candidature réalisé conjointement par la Cité de l’espace et l’académie de Toulouse en début d’année scolaire, l’identification des classes se fait selon différents critères. La mixité sociale est particulièrement recherchée, pour permettre à des élèves ne se croisant jamais de réaliser le même travail, au même endroit et selon les mêmes règles. L’auto-évaluation qui en résulte est souvent profitable aux élèves les plus défavorisés socialement : ils constatent la plupart du temps que les productions présentées par des élèves « du centre-ville » ne diffèrent pas vraiment des leurs, constat partagé régulièrement par les organisateurs…

Plus encore, l’aspect formel du congrès, avec ses accessoires et ses mises en scène, ajoute à la valorisation ressentie par les élèves, quels que soient leurs origines ou leurs parcours.

Partager des connaissances scientifiques, entre pairs

Chaque année, une thématique est donnée au Congrès scientifique des enfants, en lien avec l’espace ou l’astronomie, et permettant des traitements pluridisciplinaires. « L’exploration du système solaire », « La Lune », « Femmes et hommes dans l’Espace », « Vie terrestre, vie extraterrestre », autant de thèmes qui orientent les élèves vers des sujets spécifiques de leurs choix, et qu’ils doivent traiter sous deux formes possibles : le poster scientifique ou la présentation orale. Deux productions de chacun des supports sont demandées pour chacune des classes engagées dans le projet.

Le jour J, les élèvent présentent leur travail dans le cadre de sessions programmées par la Cité de l’espace, et sont répartis en ces différents lieux : salles de conférence, hall, salle d’ateliers… Afin d’aider les élèves auditeurs, un « cahier du congrès » est publié chaque année et distribué à chacun des participants. Il propose une série d’activités autour de la journée, jeux, questions en lien avec la thématique, mais aussi auto-évaluation. Les élèves peuvent ainsi garder une trace des contenus, échanges, et moments forts de la journée.

Un congrès national, des congrès régionaux

Au fil des années, le Congrès scientifique des enfants a étendu son périmètre géographique. D’abord toulousain, puis métropolitain, il est devenu académique, intégrant des classes d’autres villes de la région. En 2017, le congrès a commencé à prendre une dimension nationale. Le Planétarium de Vaulx-en-Velin et le Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg ont participé au projet, autour de la mission spatiale « Proxima » de Thomas Pesquet dans la Station spatiale internationale. À cette occasion, une visioconférence exceptionnelle avait réuni le 31 mars 2017 plusieurs astronautes français et près de 500 élèves, pour un Congrès scientifique des enfants organisé en collaboration avec Universcience à Paris, simultanément dans les 3 villes (Vaulx-en-Velin, Strasbourg, Toulouse), menant un projet semblable avec un public adolescent.

Labellisé ESOF en 2018 (EuroScience Open Forum, Toulouse Cité européenne de la science 2018) le projet continue son évolution nationale en testant un nouveau dispositif. Un congrès scientifique des enfants régional a ainsi eu lieu au Planétarium de Vaulx-en-Velin en mai, au cours duquel une classe ambassadrice a été identifiée pour participer au Congrès scientifique des enfants national à la Cité de l’espace de Toulouse le 1er juin 2018. Parallèlement, le Congrès scientifique des enfants a aussi été organisé dans la ville des Mureaux.

Dans les deux cas, les structures organisatrices du congrès en région (la ville de Vaulx-en-Velin, qui gère le Planétarium, et la ville des Mureaux) ont signé une convention de partenariat avec la Cité de l’espace, qui précise son rôle de coordination du projet (élaboration des documents de communication, édition du cahier du congrès…), le cahier des charges à respecter pour organiser l’événement et les frais de participation afférents.

En 2019 : « Ton collège sur la Lune » et la liaison cycle 3

Pour l’année scolaire 2018/2019, la Cité de l’espace propose l’organisation de Congrès scientifiques des enfants aux centres de sciences ou collectivités qui le souhaiteront, au cours du mois d’avril 2019. Afin de répondre au mieux aux besoins de l’Éducation nationale dans le cadre de la liaison école/collège en cycle 3, le projet sera proposé cette année non plus à des écoles primaires seules, mais à des réseaux réunissant un collège et une à trois écoles de son secteur. Le thème évolue également pour donner une nouvelle dimension au travail pédagogique, en faisant écho aux 4 parcours éducatifs de l’élève défini par l’Éducation nationale : avenir, éducation artistique et culturelle, citoyen, éducatif de santé.  À l’occasion du 50è anniversaire du premier pas de l’Homme sur la Lune, en 1969, une thématique s’est rapidement dégagée : proposer aux élèves d’imaginer comment serait leur collège… s’il était sur la Lune. Un bon moyen de découvrir les contraintes de l’environnement lunaire, d’imaginer comment s’en affranchir pour y vivre, mais un prétexte efficace aussi pour faire réfléchir les élèves de 6è sur la vie de leur collège et permettre aux élèves de CM1 ou CM2 de se projeter sur leur prochain établissement…

Une thématique scientifique et citoyenne

La charte de vie commune orientera le travail des élèves vers une véritable réflexion autour de la citoyenneté, du vivre ensemble, afin de proposer des solutions pour améliorer les règles de vie dans la communauté scolaire, que ce soit sur la Lune… ou sur la Terre.

Le travail d’élaboration du projet global devra être décrit par les établissements candidats dans un document faisant apparaître les 4 étapes suivantes :

  • la phase de compréhension du sujet et de sa problématique  : les enjeux, le périmètre… ;
  • la phase de conception : idées, inspiration, recherche… ;
  • la phase de production : construction de la maquette, rédaction de la charte de vie commune ;
  • la phase de communication : préparation de l’intervention orale et du poster, communication globale du projet…

Ces 4 étapes seront ensuite documentées de manière plus complète par les enseignants et les élèves au cours du projet. Ces informations pourront ensuite alimenter la plate-forme du projet européen OSOS « Open Schools for Open Societies » (programme Horizon 2020 de la Commission européenne) auquel la Cité de l’espace participe jusqu’en 2020. Ce projet a pour objectif d’identifier et d’analyser à l’échelle européenne des projets éducatifs « ouverts » intégrant des partenaires extérieurs et permettant ainsi d’élargir au maximum la communauté scolaire (universités, associations, collectivités, parents, musées…). Il met l’accent sur un lien fort entre le projet scientifique des élèves et le monde qui les entoure directement, afin de les absorber dans des actions de valeur, pratique et intellectuelle et favoriser leur sens de l’action. L’exemple du Congrès scientifique des enfants s’inscrit parfaitement dans cette démarche, que le projet OSOS souhaite valoriser et amplifier dans les pratiques d’enseignement.

Mettre les élèves en situation d’adultes, leur faire confiance et susciter chez eux l’envie de découvrir et de partager de nouvelles connaissances, tout en développant des compétences utiles à leur parcours d’élèves : le Congrès scientifique des enfants offre l’opportunité d’engager les élèves de cycle 3 dans une appropriation concrète des sciences et techniques, en jouant le rôle d’apprenti-chercheurs, inspirant pour leur avenir. 

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