Déchets radioactifs : pour qu’à l’avenir ils en gardent le souvenir

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Disque de saphir pour l'archivage a long terme

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) est chargée de la gestion à long terme de déchets radioactifs produits en France, afin de protéger les générations présentes et futures du risque que présentent ces déchets.

Cette gestion est particulière, de par la durée de l’activité radiologique des déchets (pouvant aller jusqu’à des centaines de milliers d’années) mais également par les enjeux sociétaux que ce sujet soulève.

Ces déchets doivent être isolés jusqu’à ce que leur radioactivité ait suffisamment diminué, afin qu’ils ne présentent pas de risque pour l’homme et l’environnement. La grande majorité des déchets peut être stockée en surface : Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires), Centre de stockage de l’Aube (CSA), Centre de stockage de la Manche (CSM). Pour les déchets les plus radioactifs et à vie longue, la solution envisagée est le stockage en grande profondeur : le projet Cigéo.

Dans tous les cas, la question de la mémoire se pose pour l’ensemble des centres de stockage de déchets radioactifs ; c’est pourquoi depuis maintenant plus de 10 ans, l’Andra développe un programme intitulé Mémoire pour les générations futures dont l’ambition est de réfléchir et de développer des solutions qui permettront de transmettre le plus longtemps possible la mémoire des sites de stockage de déchets radioactifs.

 

Pourquoi se souvenir ?

Le maintien de la mémoire est nécessaire afin de pouvoir transmettre aux générations futures tous les éléments nécessaires à la compréhension des solutions mises en œuvre et permettre  leur réévaluation ainsi que  de faciliter les prises de décisions futures. Il s’agit également de transmettre un héritage culturel, scientifique et technologique aux générations suivantes. Conserver la mémoire de cet héritage leur permettra de comprendre les événements passés, au même titre que d’autres types de patrimoines (architectural, littéraire, artistique…)

La mémoire ne se limite donc pas à collecter des éléments du passé et du présent, elle est fondamentalement tournée vers l’avenir.

 

Le programme « mémoire » de l’Andra

L’Andra a développé un dispositif mémoriel qu’elle applique à l’ensemble de ses centres de stockage. C’est l’objet du programme Mémoire pour les générations futures. Ce programme a pour vocation d’explorer et d’imaginer plusieurs dispositifs de conservation et de transmission de la mémoire. Il s’appuie sur quatre piliers : la documentation réglementaire et les archives, les interactions sociétales, les études et recherches ainsi que la collaboration internationale.

Le premier pilier repose notamment sur plusieurs types de documents : le dossier synthétique de mémoire, facilement compréhensible et adressé à un public large, et le dossier détaillé de mémoire, plus technique et adressé aux exploitants et autorités du futur.

Le second pilier concerne les interactions sociétales, c’est-à-dire la communication et la transmission de la mémoire de manière intergénérationnelle afin que la prise de conscience des stockages de déchets soit ancrée dans la société. Par exemple, des groupes de réflexions composés de riverains, d’élus locaux et d’acteurs de la vie associative autour des centres de l’Andra se réunissent régulièrement pour imaginer, expérimenter et mettre en œuvre de solutions permettant de mieux conserver et transmettre la mémoire. L’Andra décline également des actions de communication innovantes, comme la création d’escape game, de dispositifs sonores participatifs, ou encore, fait appel à des artistes contemporains afin de contribuer à la réflexion collective autour du sujet.

Le troisième pilier comprend les études et recherches, notamment en s’intéressant à la sémiotique et la linguistique, la pérennité des matériaux utilisés comme support à la mémoire (papier permanent, disque de saphir, céramique, etc.), ou encore les analogues mémoriels pour tirer des enseignements dans d’autres domaines que les déchets radioactifs (Canal du midi par exemple).

Le dernier pilier concerne la collaboration internationale, dans une volonté de participer à l’élaboration d’une vision partagée autour de la mémoire.

 

Les déchets radioactifs constituent un legs que nous transmettons aux générations futures. Tout l’enjeu est que ce legs ne soit pas une charge. Comment ? En proposant une solution de gestion définitive qui protège l’homme et l’environnement sur le très long terme. La mémoire s’inscrit dans cette réflexion éthique et intergénérationnelle, au confluent des enjeux de sûreté, de liberté de décision et de transmission d’un patrimoine culturel, scientifique et technologique.

 

Pour en savoir plus sur la transmission de la mémoire : https://www.andra.fr/pour-que-demain-ils-se-souviennent

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