Recherche participative et médiation scientifique partagent de nombreuses intentions, mais pas toujours les mêmes méthodes. Si la diversité des types d’actions et des partenariats possibles a fait émerger de superbes initiatives qui échappent aux classifications, le modèle le plus fréquent reste celui dans lequel la médiation se met au service de la recherche, afin de l’accompagner vers les publics. Tant que l’objectif principal de l’opération est la création de connaissances scientifiques, cette hiérarchisation parait naturelle.
Mais que se passe-t-il si l’on part du lien science-société, au lieu de partir seulement des sciences ? Il y a 7 ans, l’équipe de la Nuit Européenne des Chercheur·e·s, regroupant alors une douzaine d’acteurs de la CSTI à travers la France a voulu retourner ce paradigme, en créant la Grande Expérience Participative (GEP). En s’appuyant sur la Nuit Européenne des Chercheur·e·s, évènement coordonné à l’échelle nationale et se déroulant maintenant dans 16 villes en France, l’équipe de médiateurs et médiatrices qui organise cet évènement a pris le parti d’une réelle hybridation entre recherche participative et médiation, en allant sur le terrain de la recherche, et en poussant les chercheurs sur le terrain de la médiation.
Le pari de la Grande Expérience participative est donc, grâce à cette collaboration, de construire une expérience rigoureuse scientifiquement, intéressante pour les publics, et déployable à grande échelle. Car l’ambition est forte : faire participer jusqu’à 15 000 personnes, réparties dans 16 villes, pendant une seule et même soirée.
Relever ce défi se fait en 4 temps :
- Premièrement, un appel à projet est diffusé, à destination de tous les laboratoires de recherche français. Ce document rappelle les critères qui feront l’éligibilité dudit projet : sa rigueur scientifique et méthodologique, son potentiel pour intéresser et être enrichissante pour le public, et sa faisabilité technique.
- Deuxièmement, un jury se réunit et sélectionne le projet lauréat. Il est composé à la fois de médiateurs scientifiques, de chercheurs étudiant les sciences participatives et de chercheurs habitués à pratiquer les sciences participatives.
- Ensuite, un important travail d’accompagnement est réalisé afin d’adapter le protocole pour qu’il puisse être mis en place dans toutes les villes, dans les conditions réelles d’un évènement public, avec tous les imprévus inhérents. Ce passage à échelle « industrielle » nécessite l’attention de toutes les structures organisatrices, pour anticiper les problèmes qui pourraient être rencontrés localement, tout en gardant un protocole unifié dans toute la France.
- Enfin, après la Nuit, médiateurs et chercheurs écrivent un article par mois sur le blog de la GEP, et permettent une animation des réseaux sociaux à l’évènement.
Trois éditions de la GEP ont déjà été mises en place les années passées, avec un réel succès auprès du public. Cependant, des difficultés inhérentes à ce format persistent : dans les temps imposés par le projet, il est difficile de motiver les équipes de recherche à monter des projets spécifiques aux exigences qui sont les nôtres.
Les expériences d’économie expérimentale en 2015, de psychologie en 2017 et l’originale peluchologie de 2019 ont permis de surmonter de plus en plus de difficultés, et sont des inspirations pour de nouvelles médiations, mais n’ont pas fait surgir d’originalité radicale dans la dimension participative. Par exemple, aucun projet n’a encore proposé de tirer parti de la simultanéité de l’expérience dans 16 villes à la fois.
La prochaine édition se prépare dès maintenant pour se dérouler fin septembre 2023, avec un effort décuplé sur la diffusion et l’attractivité de notre appel à projet auprès des chercheur.e.s, pour continuer sur la voie de l’hybridation entre médiation et recherche. Vous pouvez retrouver l’appel à projet 2023 sur le site web !