Quelle est la place des CSTI dans les actuelles transitions sociales ? Tout dépend de l’efficacité de la médiation dans la compréhension qu’elle peut donner au public de ces évolutions. Mais que recouvre la médiation scientifique aujourd’hui ? C’est ce que se propose de regarder le réseau ReMédiS[1]. En France, les travaux de recherche sur la médiation des sciences restent peu visibles, mal connus et sous-utilisés. Lors de sa journée inaugurale, qui s’est tenue le jeudi 9 mars 2023 à la Cité des sciences et de l’industrie[2], le réseau ReMédiS a présenté deux de ses initiatives : une cartographie de la recherche et une enquête réalisée auprès de celles et ceux qui font de la médiation.
Restitution graphique de la Journée du Réseau ReMédiS du 09/03/2023 – Crédits : Florence Vigneron
Qui fait de la recherche sur la médiation des sciences ? Diagnostic intermédiaire d’une résidence de recherche.
Comment accéder aux résultats de la recherche sur la médiation des sciences ?
« On voit toujours les mêmes noms… » « J’ai vu passer une thèse… » « Il n’y avait pas un appel à projet là-dessus ? … ». Autant d’assertions qui confortent un constat non formulé : il n’existe pas en France d’entrée unique sur ce sujet. Le réseau ReMédiS doit s’atteler à un état des lieux, une cartographie. Reste à trouver comment et par qui ?
Début 2022, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche lance avec le CNRS un nouveau projet : financer, pour un musée, une résidence de recherche. Ça tombe bien, Universcience est éligible, et dès septembre Muriel Guedj, enseignante-chercheuse à l’Université de Montpellier, obtient son détachement pour un an[3]. Sa mission : élaborer un état de l’art critique et analytique de la recherche sur la médiation des sciences en France, afin de dessiner un paysage de la recherche, dégager les lignes de forces structurantes et proposer des perspectives de développement.
Ce 9 mars, lors de la première journée de rencontre du Réseau ReMédiS, Muriel Guedj a présenté un premier diagnostic intermédiaire de sa recherche, et a expliqué les différents temps de son travail.
Il faut d’abord circonscrire sa mission. Un cadre d’observation a été défini, incluant les critères suivants :
- une interaction humaine (médiateur et public)
- sur un sujet STI (science, technique, industrie)
- dans tout lieu : musée, centre de science, université, extérieur …
- en présence ou à distance
- pour tout public : enfant, adulte, individuel, famille, groupe
- en France métropolitaine et Outre-mer
Il faut ensuite constituer un corpus. Avec l’aide de l’Ocim, et en regardant la littérature produite (articles, ouvrages, thèses), les acteurs commencent à se dégager :
- 42 chercheurs et chercheuses
- 11 laboratoires
- 15 revues
- 15 projets lauréats de l’appel à projet ANR SAPS-RA-Médiation 2021[4]
- 30 thèses soutenues ou en cours
Et après ? Il reste à analyser ce corpus, s’entretenir avec des acteurs, établir un glossaire et enfin rechercher l’articulation entre pratique et enjeux théoriques.
Plusieurs questions émergent déjà, à affiner : en quoi le programme « Sciences avec et pour la société » apparaît comme un moment singulier ? Quelles sont les trajectoires professionnelles des médiateurs devenus docteurs ? De manière générale, quelles sont les conditions de faisabilité d’un rapprochement entre recherche et médiation ?
Les résultats seront publiés à l’été 2023.
Faire de la médiation des sciences aujourd’hui : quels apports et quels liens avec la recherche ? Une enquête du réseau ReMédiS.
Côté recherche, on a donc une chercheuse qui cherche ! Mais qu’en pensent les médiatrices et médiateurs ? Que connaissent-ils des travaux menés sur leur activité ? Qu’en attendent-ils dans leur quotidien ? Pour le savoir, une enquête est lancée, et les résultats sont restitués par Olivier Richard, délégation Stratégie et prospective d’Universcience, et Stéphane Chevalier, responsable information et documentation à l’Ocim.
Un questionnaire a été diffusé en ligne de décembre 2022 à février 2023 via les réseaux professionnels : Ocim, Amcsti, ReMédiS, RéMuT, etc., et a obtenu 302 réponses[5].
Il se structurait en 3 parties :
- profils des répondants ;
- relations avec la recherche scientifique tous domaines ;
- liens avec les actions de recherche sur la médiation.
Si 80 % des répondants déclarent être en lien avec des chercheuses ou chercheurs, et la moitié avoir eu une expérience de recherche, seuls 30 % ont déjà participé à une recherche sur la médiation scientifique ou culturelle. L’absence de sollicitation, la méconnaissance des projets, le manque de temps en sont les principales raisons.
Pourtant une majorité consulte les résultats de recherche portant sur le métier et les utilise dans leurs pratiques professionnelles. Mais pour un quart, l’accès à la littérature académique ou professionnelle pose problème.
La nécessité de rapprochement des acteurs de la recherche et de la médiation se confirme donc, tant pour faciliter la mise à disposition des résultats et leur transposition dans les pratiques professionnelles que pour encourager l’engagement des médiateurs dans les projets de recherche.
Ces tendances demanderaient à être confirmées avec la mise en place d’un dispositif d’observation pour construire un corpus de données de référence sur les médiateurs CSTI en France. De beaux projets en perspective pour le jeune réseau.
Les attentes par rapport à ReMédiS, en quelques mots
Pour plus d’informations :
Réseau ReMédiS – Recherche sur la médiation des sciences
Notes
[1] Réseau de recherche sur la médiation des sciences, créé en 2022 comptant à ce jour 9 membres : Amcsti, Cnam, Instant science, Ocim, Nantes Université, Sorbonne Université, Université de Lorraine, Université de Montpellier, Universcience.
[2] Journée ReMédiS – Actualités – ReMédis – Professionnels – Universcience
[3] Muriel Guedj est professeure des Universités à la Faculté d’éducation – Université de Montpellier, directrice du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Éducation et Formation – ‘Université de Montpellier, chercheure associée UE Etudes sur les Sciences et les Techniques – Université Paris-Saclay. Elle effectue une résidence de recherche à Universcience de septembre 2022 à août 2023, avec un rattachement au laboratoire Sphère – Paris Cité.
[4] https://anr.fr/fr/detail/call/appel-a-projets-saps-ra-mcs-2021-science-avec-et-pour-la-societe-recherche-action-mediation-et/
[5] L’intégralité des résultats de l’enquête sont en ligne : Présentation PowerPoint (universcience.fr)