Saint-Nazaire, territoire industriel de longue date, est valorisée depuis une trentaine d’années par un écomusée, par Escal’Atlantic et par des visites d’entreprises de renommée nationale voire internationale, le tout dans une vision cohérente et complémentaire.
Histoire industrielle territoriale de la région de Saint-Nazaire
Entre estuaire de la Loire et océan Atlantique, Saint-Nazaire devient l’avant-port de Nantes au milieu du XIXe siècle. Le creusement de deux grands bassins portuaires à niveau d’eau constant et l’arrivée du chemin de fer en 1857 attirent de nouvelles activités, une nouvelle population. Ils engendrent un développement fulgurant de la cité. En 1862 sont créés les premiers chantiers navals et la première ligne régulière de paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique, au départ de Saint-Nazaire vers les Antilles et le Mexique. Vingt ans plus tard, un deuxième chantier naval, les Ateliers et Chantiers de la Loire, s’installent à côté des Chantiers de Penhoët. Les deux entreprises fusionnent en 1955 sous le nom de Chantiers de l’Atlantique.
Une nouvelle aventure industrielle s’esquisse au début des années 1920. Pour faire face aux difficultés économiques, les deux chantiers navals se diversifient avec la conception et la construction d’hydravions et d’avions militaires. Rapidement, l’aéronautique devient autonome de la construction navale.
Ces activités perdurent aujourd’hui :
- Nantes-Saint-Nazaire Port, 4e grand port maritime français ;
- Chantiers de l’Atlantique, innovants dans la construction de paquebots de croisière, bientôt à voiles, ou de sous-stations électriques off-shore dans le domaine des énergies marines renouvelables ;
- Airbus, dont les ateliers nazairiens assemblent les pointes avant et les tronçons centraux de toute la gamme.
Les déclencheurs ayant amené la Ville de Saint-Nazaire à valoriser ce patrimoine
L’éveil d’une nouvelle conscience patrimoniale se fait au moment où la ville est menacée par la déprise économique dans les années 1980. Les chantiers navals, alors premier employeur, sont en baisse d’activité. Édifié entre estuaire et bassin portuaire, l’Écomusée de Saint-Nazaire ouvre en 1988. Il invite les habitant·es à se saisir de l’histoire de la cité et de ses activités dans une ville reconstruite et blessée. Il a sans doute alors une fonction cathartique auprès de la population autant qu’une utilité culturelle et touristique. Pour renforcer cette dernière ambition, la Ville crée ensuite dans la base sous-marine un lieu de visite tout à fait original dédié aux paquebots de ligne : Escal’Atlantic. Ouvert en 2000, ce parcours scénographié offre aux visiteur·ses une évocation des intérieurs des grands paquebots construits à Saint-Nazaire, tels que France (1912), Ile-de-France (1927), Normandie (1935), France (1962).
Mise en place des actions de valorisation
Dans ce contexte, les visites d’entreprises ont semblé constituer un mode de valorisation incontournable de l’activité industrielle, complémentaire à la visite de l’Écomusée et d’Escal’Atlantic. En les combinant, le public peut avoir une vision – historique, technologique, économique – qui traverse le temps et qui relie l’ensemble aux évolutions physiques et symboliques du territoire. Ces fleurons industriels aux dimensions hors norme ont accepté la présence de visiteur·ses au plus près de leurs process. En 1999, les Chantiers de l’Atlantique ouvrent leurs portes, suivis en 2000 par Airbus, puis en 2007 par les terminaux du Grand Port Maritime.
Mode d’administration de ces propositions touristiques : une co-construction avec les entreprises
Depuis 2009, une seule structure assure la gestion de l’ensemble ; elle a aussi une mission de développement touristique avec l’Office de Tourisme. Transformée en Société Publique Locale (SPL) en 2017, sous l’impulsion de la loi Nôtre, elle valorise le territoire d’agglomération sous la marque Saint-Nazaire Renversante depuis 2018, ce qui accroit la visibilité globale de l’offre. Une convention pluri-annuelle régit le fonctionnement entre les entreprises et la SPL. Les parcours de découverte ont été élaborés avec les industriels pour assurer aux visiteur·ses des conditions de sécurité dans des lieux de plusieurs hectares et garantir la fiabilité des informations transmises. Ils ont parfois fait l’objet d’aménagements spécifiques : dans les halls d’Airbus, le public circule sur des aires marquées au sol et ne doivent pas en sortir. Au démarrage des visites d’entreprises, un service de guides dédiés a été créé. Tous les ans, ils reçoivent une formation de chacune des entreprises pour actualiser leurs connaissances. Ils ne sont toutefois pas leur porte-parole.
La réception par le public
Le public est très privilégié de pouvoir accéder à ces sites de production industrielle. La découverte se fait exclusivement en visites guidées avec contrôles d’accès strict et jauges limitées. Elles sont réservables en ligne sur une seule pateforme « saint-nazaire-tourisme.com ».
L’intérêt du public ne se dément pas : 180 000 personnes ont découvert ces sites et entreprises en 2023, auxquelles s’ajoutent les 24 000 visiteur·ses du centre d’interprétation sur l’éolien en mer ouvert en 2019.
Les perspectives à plus ou moins long terme
Toutes ces visites viennent interroger les enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux de notre monde actuel. Nos concitoyen·nes sont en questionnement sur ces points ; les entreprises – qui aujourd’hui ont des perspectives de commandes très solides – y travaillent. Des solutions d’hier comme les navires à propulsion mixte font de nouveau leur apparition avec d’autres technologies. L’approche de ce monde industriel se fait en écho avec l’évolution du territoire présentée dans les musées qui feront dans les années à venir l’objet d’une mutation, tant sur le sens que sur l’expérience proposée.