Comment développer des outils de médiation culturelle et scientifique à l’aide des réseaux socio-numériques ?
Placé sous la double tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le musée du quai Branly offre l’opportunité de mettre en place des dispositifs en ligne, relevant tout à la fois de la médiation culturelle et de la médiation scientifique. Même si elles ne s’inscrivent pas (encore) dans une stratégie unifiée de valorisation de la recherche scientifique en sciences humaines et sociales, les actions listées ci-après illustrent les possibilités offertes par les réseaux socio-numériques (RSN) pour les institutions culturelles et/ou scientifiques.
En juin 2014, en prélude à l’exposition « L’Éclat des ombres, L’Art en noir et blanc des Îles Salomon », nous avons publié sur la page Facebook du musée un album de photographies rassemblant une sélection d’une vingtaine d’objets, incitant les Salomonais(e)s à commenter « en nous livrant [leurs] impressions, [leurs] informations complémentaires sur l’origine et l’usage de ces pièces, [leur] sentiment actuel sur le rôle de ces objets dans l’identité culturelle des îles Salomon ». Loin de la remplacer, cette action a constitué un prolongement en ligne de l’enquête de terrain menée par la commissaire, permettant d’associer les publics éloignés.
En mars 2015, le musée organisait la deuxième édition du weekend « L’Ethnologie va vous surprendre ! », destinée à valoriser la vitalité des sciences humaines et sociales. Trois blogueurs BD ont été invités à réagir, par le dessin et en direct, à la riche programmation de conférences, de rencontres et de visites. Erwann Surcouf, Fabien Toulmé et Boulet, préalablement informés sur les thématiques et l’approche du musée, ont produit spécialement pour l’événement 60 vignettes inédites, partagées sur le compte Twitter et la page Facebook du musée.
Ce dispositif a constitué une action de médiation à la fois culturelle et scientifique, déployée sur deux supports relativement nouveaux : les RSN et la BD. Profitant de la popularité des blogueurs, il a permis de valoriser de manière drôle et décalée l’actualité de l’anthropologie et de l’ethnologie. Il a également permis d’apporter une visibilité aux actions conduites par le Département de la Recherche et de l’Enseignement à travers des colloques, des bourses d’étude, enseignements en partenariat avec des universités.
Enfin, pour répondre aux questions sur les expositions et sur les collections, les agents du Département du Patrimoine et des Collections, autant que les commissaires des expositions, sont régulièrement sollicité(e)s pour apporter leur expertise, que leur approche soit ethnographique ou plus orientée vers l’histoire de l’art.
Les RSN constituent d’excellents supports pour déployer des actions de médiation, intégrant des éléments d’un discours scientifique, même s’il est préalablement adapté pour toucher un large public. Pour autant, il ne s’agit pas de réduire l’exigence de qualité des contenus qu’on y poste. Médiation scientifique et médiation culturelle peuvent y être pratiquées – non sans humour.