Le congrès de l’Amcsti 2022 nous a permis de constater qu’un nombre non négligeable d’acteurs et d’actrices au service du lien science-société n’étaient pas rattaché·e·s à une structure de culture scientifique, technique et industrielle (CSTI). Intrigué·e·s par ce constat, nous avons lancé une grande enquête de recensement à la fin de l’été 2022.
Les « indépendant·e·s » de la CSTI, c’est qui ?
Au total, 114 structures indépendantes, majoritairement composées de 1 à 2 personnes, ont répondu à l’enquête qui a circulé entre juillet et septembre 2022 via les réseaux sociaux (Twitter, LinkedIn et Facebook). Ces chiffres sont amenés à évoluer rapidement au vu des personnes ayant pris contact avec nous à la suite de la publication des résultats.
Les indépendant·e·s de la CSTI se répartissent de manière assez homogène sur le territoire français, avec tout de même 28% de ces acteurs et actrices en région parisienne. 81% ont moins de 40 ans et 87% ont au minimum un bac +5 (27% du total ont un doctorat). Parmi les répondant·e·s, 61% étaient des femmes, pour 38% d’hommes (Figure 1).
Figure 1 : Chiffres-clés du recensement des « indépendant·e·s » de la CSTI, été 2022. « N » : nombre total de répondant·e·s. Crédit : Tout droits réservés
Sous l’étiquette « indépendant·e·s de la CSTI », se cachent des professionnel·le·s ayant créé leur propre activité de prestation de service dans le domaine de la CSTI et du lien sciences-société. Les formes juridiques vont des micro-entreprises (54%) aux SAS (9%), en passant par des SARL (5%), des artiste-auteur·rices (5%), des co-entrepreneur·euse·s en CAE (5%) etc. Les services proposés sont tout aussi variés : montage de projet, muséographie, évaluation, illustration et graphisme, réalisation de podcast, de script et vidéos, conférences, développements d’applications, auteur·ice·s, conception de serious game, animation d’événements, création de médiations et d’ateliers scientifiques, de la formation et d’autres encore !
Naissance d’un réseau et positionnement
Le besoin de se rassembler a conduit à la création du « Réseau professionnel des indépendant·e·s au service du lien sciences-société ». Conscients que le terme « indépendant » peut avoir un écho négatif (« qui agit seul », « qui n’a besoin de personne », …), c’est pourtant tout l’inverse qui est recherché. « Indépendant·e » fait ici référence à la traduction de « freelance ».
Loin de l’idée de travailler de manière isolée, les objectifs de ce réseau grandissant vont dans le sens des échanges et de l’ouverture : entre indépendant.e.s afin de s’entraider sur des problématiques communes, mais également avec les acteur·ice·s historiques. Les répondant·e·s ont fait part de leur souhait d’échanger sur les grilles tarifaires pratiquées afin de permettre à chacun de se situer dans un marché qui se structure, de défendre les droits de la profession, d’améliorer leur visibilité auprès de clients mais aussi auprès de collaborateurs potentiels telles que les structures de CSTI existantes.
Un statut professionnel né de transitions sociales
La création de sa propre activité représente une réponse à des besoins variés : besoin d’exprimer sa créativité, de choisir ses conditions de travail, de se concentrer sur des projets en accord avec ses envies et ses valeurs, de mettre en application ses compétences professionnelles lorsque les voies traditionnelles d’accès au travail sont bouchées, de collaborer avec une large diversité d’acteurs… Et n’est-ce pas là le reflet de professionnel·le·s engagé·e·s ?
Actions en cours et à venir
Un serveur Discord1 a été ouvert et est devenu le lieu de nombreux échanges au sein de cette communauté active. Une association pourrait être prochainement créée afin de donner une structure juridique au réseau.
Les échanges réguliers avec des acteurs tels que l’Amcsti et l’Ocim ont vocation à définir la place des indépendant·e·s dans l’écosystème et visibiliser ces acteur·ice·s. Les premières actions visent à apparaître dans l’Annuaire des fournisseurs des musées ainsi que dans la cartographie de l’Ocim.
Le paysage de la CSTI est en pleine évolution et s’enrichit de nouveaux acteurs et de nouvelles actrices. Tous indispensables à une médiation scientifique de qualité, nous souhaitons intensifier les collaborations entre acteur·ice·s historiques et professionnel·le·s indépendant·e·s afin que les compétences de chacun.e viennent enrichir les projets au service du lien sciences-société.
1Discord : logiciel gratuit de messagerie instantanée