Marseille, Ville-Monde ou Provence : quel territoire le Muséum doit-il privilégier ?

La CSTI contemporaine : transitions et lien aux territoires

Le Muséum de Marseille est installé au Palais Longchamp dans le plus grand parc urbain de cœur de ville depuis 1869, dans un bâtiment historique édifié à la « gloire de l’eau, de l’art et des sciences ». Le Jardin zoologique, installé de 1854 à 1986 dans le parc, et le port de Marseille, contribuent à enrichir cette vitrine de curiosités naturalistes d’exotisme, sans pour autant tourner le dos à la Provence. Établissement bicentenaire, labellisé « Musée de France », c’est un outil essentiel de partage des savoirs. Résolument tourné vers les problématiques actuelles liées au développement durable, à la biodiversité, aux sciences et à la santé, le Muséum propose chaque année une programmation visant à stimuler la réflexion, le questionnement et l’implication des publics sur les enjeux sociétaux et environnementaux du monde de demain.

Avec 128 580 visiteurs en 2022, dont plus de 14 000 scolaires, le Muséum est aujourd’hui l’un des plus importants établissements de culture scientifique de la région. 60 % de ses visiteurs sont Marseillaises et Marseillais.

 

Du monde à la Provence

Au milieu du XIXe siècle, le territoire de découverte offert aux visiteurs affirme le rayonnement occidental sur une planète largement colonisée. Cette vision d’une nature venue d’ailleurs prend place dans les vitrines et sur les immenses peintures murales du niveau 2 du Muséum.

 

Une salle de Provence est prévue pour mettre en valeur les richesses naturelles de la région. Classée au titre des Monuments historiques, cette salle illustre une vision précoce de l’écologie. Les frontières de la Provence sont alors définies en termes culturels et historiques : c’est une appropriation marseillaise du territoire terrestre et littoral.

 

Des collections régionales

En enrichissement constant, les importantes collections du Muséum de Marseille représentent un patrimoine naturaliste remarquable : 610 000 spécimens ou lots en botanique, zoologie ou encore paléontologie. Près de la moitié est issue du grand quart sud-est de la France.

 

Parmi les plus anciennes, difficile de ne pas mentionner la collection de fossiles de Philippe Matheron, père de la paléontologie provençale, ou encore les herbiers de Ludovic Legré, naturaliste et défenseur de culture provençale. Plus récemment, la collection entomologie Timon-David, renfermant des espèces locales, fait aujourd’hui l’objet d’étude et de révision taxinomique par les universitaires d’Aix-Marseille-Université.

 

Agora pour Curieux de Nature

Dès les années 1930, le Muséum intègre des visées éducatives dans la présentation de ses collections, alors intégralement accessibles aux publics, dans la parfaite continuité des « leçons de choses ». Depuis 2004, le Département des publics structure l’offre pédagogique et culturelle, capitalisant 70 ans d’expertise, dans une démarche d’information et de sensibilisation des citoyens, afin de leur permettre une meilleure compréhension du vivant et de son évolution. Ce socle commun de connaissances est indispensable à la compréhension des enjeux actuels environnementaux, climatiques et sanitaires, aussi bien à l’échelle locale et nationale qu’à l’échelle mondiale.

 

L’atelier pédagogique ouvert en 2005 connaît une nouvelle transformation pour mieux répondre aux attentes des publics et au développement d’offres adaptées. Il devient une « Agora pour Curieux de Nature » : salle de documentation avec un coin lecture, observation et détermination d’espèces locales, auditorium pour 30 enfants avec projections, contes ou autres formes de rencontres artistiques ou scientifiques… Enfin, un espace est également consacré aux ateliers, principalement scolaires, où matériels et expérimentations sont de mises.

 

Reconnecter le citadin avec la nature aux portes de sa ville

Si la préservation de la biodiversité est aujourd’hui au cœur des discours politiques et des préoccupations citoyennes, elle est surtout le sujet principal des muséums d’Histoire naturelle. La ville est souvent perçue comme un espace homogène, sans grande diversité, peuplé d’animaux adaptables et sans intérêt. Mais est-ce bien certain ? Afin d’élargir les champs de découverte de la biodiversité terrestre et marine pour les Marseillaises et Marseillais, le Muséum a mis en place depuis 2004, avec la Société linnéenne de Provence, des « Sorties Nature » qui contribuent à une meilleure connaissance de la flore et de la petite faune locales.

 

Un Muséum toujours plus ouvert tout en gardant un ancrage local qui le valorise

Le Muséum de Marseille poursuit sa politique d’ouverture par des approches interdisciplinaires, culture, science et société, réflexives et critiques. Il collabore également régulièrement avec des artistes sur des expositions, accueille des résidences de compagnies régionales et programme des concerts et des spectacles en marge de sa programmation scientifique. Il se propose de créer et favoriser des espaces de rencontres, notamment à des partenaires associatifs et institutionnels locaux. Il se veut lieu d’incubation, plus accessible, plus ouvert sur le monde et la cité, mais aussi plus inclusif.

 

En guise de conclusion…

Il est finalement bien difficile de répondre à la question « Quel territoire le Muséum de Marseille doit-il privilégier ? ». La réponse est « tous ! ». En effet, le principe même de l’inclusion s’oppose à toute forme d’exclusion. Mettre en œuvre des actions à destination de jeunes de 2 à 12 ans, en provenance de Marseille et de quartiers sensibles, ce qui constitue aujourd’hui une de nos priorités, n’est pas incompatible avec le développement de projets proposant une vision globale d’une question débattue à l’échelle internationale. L’objectif du Muséum est de rappeler aux visiteurs, jeunes Marseillaises et Marseillais, comme touristes non francophones, que si la vision de leur territoire se limite à leur périmètre de vie, celui-ci a vocation à s’élargir. La notion de territoire ne devrait pas être associée à un repli sur soi. Un territoire se définit par la capacité de chacun à se déplacer, à voyager, physiquement ou intellectuellement. L’humanité à démontrer qu’elle cherche sans cesse à repousser les limites de ces facteurs. Marseille, mosaïque de cultures et port ouvert sur le monde, tout comme le Muséum, œuvrent à maintenir cette ouverture d’esprit nécessaire à la construction citoyenne.

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