A l’Université de Strasbourg, au sein des Parlements de sciences, les lycéens échangent, débattent et s’impliquent dans des sujets sciences et société.
Structure de médiation des sciences de l’université de Strasbourg, le Jardin des sciences organise depuis 2002 des cafés scientifiques juniors dans les établissements scolaires. En 2009, un format plus développé est mis en place : les Parlements de sciences des lycéens, proposés cette fois au sein de l’université. L’objectif est d’impliquer les élèves dans les grands débats sciences et société, en les amenant à prendre une position et à la défendre face à leurs pairs.
Les Parlements de sciences se déroulent de la manière suivante : deux classes de lycées, si possible différentes par leur origine géographique, leur recrutement, leur spécialité, sont sélectionnées sur la base d’une proposition envoyée aux enseignants de l’académie de Strasbourg. La thématique leur est donnée en amont, déclinée en sous-thèmes au sein desquels les élèves doivent se répartir, avec un dossier documentaire destiné au travail préparatoire en classe. Le jour J, les élèves se réunissent en plénière pour une ouverture officielle du Parlement, puis se répartissent en sous-commissions, accompagnés de chercheurs experts du domaine. L’enjeu de ce temps d’échange est de rédiger des résolutions qui seront débattues en séance plénière. L’après-midi, lors de cette dernière, chaque groupe présente et défend ses résolutions devant l’assemblée. Celles-ci sont débattues et éventuellement amendées avant d’être soumises au vote. Ce travail aboutit à la réalisation d’un document qui peut être transmis aux élus des collectivités en charge de la thématique. L’un des enjeux de ce format est de donner aux élèves l’espace nécessaire à l’expression d’une opinion personnelle dans le cadre d’un débat. Le choix du modérateur est donc fondamental. Il peut s’agir d’un journaliste ou encore d’un intervenant issu du monde artistique. Sa position de personnalité extérieure est en tout cas fondamentale. Lancer le débat entre les élèves peut s’avérer laborieux, il faut de la conviction et une certaine pratique. Une fois que les élèves sont convaincus qu’eux seuls ont la parole, les discussions s’ouvrent et peuvent parfois prendre des tournures inattendues.
Ce format interroge la place du chercheur dans les dispositifs de médiation. En effet, celui-ci doit être capable de s’effacer afin de laisser la parole la plus libre possible, lors des discussions en plénière, n’intervenant qu’en cas de sollicitation sur un point précis. Mais si sa place peut sembler marginale, elle est en fait indispensable puisqu’elle permet aux élèves de débattre à partir de données vérifiées. Par ailleurs, créer les conditions d’un débat ne s’improvise pas : l’organisation d’un Parlement de sciences des lycéens implique une ingénierie importante, un investissement fort en temps et en ressources. Mais l’expérience se révèle d’une grande richesse pour l’ensemble des parties prenantes, toutes amenées à sortir de leur cadre classique d’intervention.
Pour aller plus loin :
Duluard, A. « Les parlements de sciences, outils au service des débats science-société entre jeunes », La Lettre de l’Ocim, n°176, 2018, pp. 5-11.