Depuis la rentrée 2021, l’Université de Lyon expérimente un nouveau format de médiation scientifique auprès des collégien·nes et lycéen·nes : les Pop’Sciences jeunes reportages. Pendant cinq à six séances, les élèves rencontrent des spécialistes et chercheur·ses issu·es de différents horizons pour interroger un sujet de société. L’occasion, pour ces jeunes, d’explorer en profondeur des thématiques complexes, de découvrir des disciplines académiques, des innovations technologiques et de s’emparer des méthodes scientifiques.
« Les séances étaient très divertissantes et intéressantes et j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur ce thème comme ces nouveaux plastiques » déclare un collégien de Lyon. Avec sa classe, cet élève s’est penché sur la question de la pollution plastique et a découvert une alternative au plastique prometteuse : un polymère industriel 100 % biosourcé et complètement biodégradable, développé par la société Lactips.
En parallèle, d’autres classes ont pu par exemple aborder les impacts écologiques et sociaux des technologies numériques qui ont envahi nos quotidiens, un sujet tout aussi capital…
Montrer les coulisses de l’innovation
Les Pop’Sciences Jeunes reportages proposent des quiz, ateliers, débats et discussions avec différent·es scientifiques : une alternance de moments ludiques, d’échanges ou d’apprentissages qui permettent aux élèves de construire, au fil des séances, des connaissances précises sur le sujet étudié débouchant sur un grand reportage collectif. Les collégien·nes ou lycéen·nes deviennent ainsi, sans même forcément s’en rendre compte, des « expert·es juniors » des sujets abordés !
Embarqués dans le dispositif, les « expert·es juniors » de la pollution plastique ont, entre autres, pu découvrir l’histoire de Lactips et les alternatives aux emballages plastiques qu’elle développe. « Les ressources pétrolières ne sont pas infinies, et sur les 450 millions de tonnes de plastique produites chaque année dans le monde, la moitié est destinée à l’emballage » explique Frédéric Prochazka, l’un des deux chercheurs inventeurs de cet emballage biodégradable. Après avoir touché (voire goûté…) les granulés thermoplastiques fabriqués à base de protéines de lait et les échantillons produits avec ceux-ci, les élèves ont posé toutes leurs questions à Frédéric Prochazka, co-fondateur et directeur scientifique de la start-up ‘Lyon/Saint-Etienne’ située à Saint Paul en Jarez, qui a commencé l’aventure Lactips en 2007, au sein du Laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères de l’Université Jean Monnet à Saint-Etienne. Une aventure technologique et humaine accompagnée par la suite par PULSALYS, la Société d’Accélération du Transfert de Technologies lyonnaise.
Au-delà des savoirs acquis, le dispositif de l’Université de Lyon permet aux jeunes de découvrir des technologies enthousiasmantes et de mieux comprendre ce que l’écosystème industriel peut apporter à la société.
Echantillon de « plastique » Lactips présenté aux élèves
Éclairer des défis de société
Que l’on parle de pollution plastique, d’impact écologique du numérique, de frontières parfois mouvantes entre drogues et médicaments ou encore d’alimentation, la démarche des Pop’Sciences Jeunes reportages est toujours la même : croiser les regards disciplinaires, en abordant les thématiques aussi bien avec des sciences expérimentales et technologiques que des sciences humaines et sociales.
Sans porter des discours techno-solutionnistes ou technophobes, ces projets visent à donner aux élèves les moyens de s’interroger, de douter et de réfléchir à des phénomènes de société ou des technologies que l’on considère souvent comme allant de soi. En effet, comment comprendre, par exemple, l’arrivée massive du plastique dans notre quotidien ? L’incinération et la valorisation énergétique des déchets sont-elles la solution ? Que penser du rôle des grandes entreprises consommatrices de plastique? Pour encourager les jeunes à développer une vision globale du sujet, Pop’Sciences leur propose ainsi une pluralité de points de vue et des regards disciplinaires complémentaires : histoire, chimie, sciences des matériaux, sociologie…
Et après tant de découvertes, vient le temps, pour les élèves, d’être dans la transmission : ces nouveaux·elles expert·es profitent alors d’une séance de restitution pour présenter leur reportage à un public d’élèves ou d’adultes venu·es pour l’occasion. C’est l’opportunité, pour elles·eux, de s’essayer à une autre facette des métiers de la recherche : la médiation scientifique !
Ce reportage oral est également prolongé par la création d’une petite bande dessinée, construite en collaboration avec un dessinateur : les élèves livrent les idées et les faits scientifiques, l’illustrateur leur donne vie. Un moyen de pousser « les expert·es juniors» à regarder les choses sous un autre angle, à développer leur pensée critique mais aussi une manière de « faire vivre le projet sur le temps long » en touchant d’autres publics…
En définitive, il ne s’agit pas de changer les comportements des élèves (ce qui serait irréaliste) mais plutôt de les conduire à prendre du recul, leur faire comprendre comment la science éclaire les grands enjeux de société et les réponses qu’elle peut apporter.