Préservation de la biodiversité, sécurité alimentaire, gestion raisonnée de la ressource en eau… Les défis environnementaux à relever pour garantir un futur durable sont multiples. Dans cette perspective, il est indispensable que les jeunes puissent s’affirmer comme des acteurs à part entière – compétents et informés – des politiques de développement durable. C’est pourquoi l’IRD met en place des actions à destination de la jeunesse des pays du Sud. Dans ces pays particulièrement vulnérables aux changements globaux dont les effets impactent déjà le quotidien des populations, vivent en effet près de 90 % des 10-24 ans. L’objectif ? Les accompagner dans la construction d’une citoyenneté active, éclairée et engagée, et porter leurs voix aux grands rendez-vous de l’Agenda international de la recherche et du développement.
À une échelle individuelle ou collective, la mobilisation de la jeunesse en faveur du développement durable est capitale. Toutefois, pour que
cet engagement soit efficient, une condition essentielle est d’offrir aux jeunes un accès à une information de qualité. C’est pourquoi l’IRD s’attache depuis près de 20 ans à promouvoir auprès de cette génération le rôle essentiel de la recherche dans les processus de développement et à favoriser l’appropriation des connaissances qu’elle produit, notamment via des dispositifs pédagogiques innovants, tels que les Clubs Jeunes, dans les pays du Sud.
Dans ces clubs, une vingtaine de collégiens ou lycéens conduisent une étude scientifique sur des problématiques auxquelles les populations locales sont confrontées : lutte contre le paludisme, sauvegarde de la biodiversité, développement urbain, migrations, désertification etc. Accompagnés par un chercheur, par leurs professeurs ou des médiateurs locaux, ils sont initiés à la démarche scientifique, apprennent à produire eux-mêmes des connaissances et aiguisent leur esprit critique. Ce sont ainsi près de 400 jeunes dans une dizaine de pays qui – chaque année – participent à de tels dispositifs.
Les jeunes de ces clubs, forts de l’expérience et des connaissances acquises, peuvent même devenir des ambassadeurs d’un monde plus durable. L’IRD les accompagne en effet dans des actions de plaidoyer, comme cela a été le cas pour les projets « Parcours migratoires » (2013) et « Villes en questions » (2016), qui ont réuni à Marseille une centaine de lycéens du bassin méditerranéen et durant lesquels les élèves ont pu interpeller des chercheurs, des représentants du monde de l’éducation et des décideurs.
Cette voix de la jeunesse est également portée lors des grands rendez-vous de l’Agenda international de la recherche et du développement : COP à Marrakech et Bonn et – plus récemment – le Forum mondial de l’eau à Dakar. A l’occasion de cet événement international consacré à la gestion de l’eau, 10 ambassadeurs de clubs du Mali, du Maroc, du Burkina Faso et du Sénégal ont participé aux débats et ont présenté leurs recommandations pour une meilleure implication des jeunes dans les processus de négociation. Leur plaidoyer, durant des sessions officielles organisées par l’AFD, l’Agence pour l’eau en milieu rural du Bénin et par le programme Ace Partners 1, a marqué l’aboutissement d’un projet pédagogique mené depuis le début de scolaire auprès de 350 jeunes de 7 pays d’Afrique. En effet, durant plusieurs mois, ces lycéens ont alterné sorties terrain, visites de laboratoires et échanges avec des chercheurs de l’IRD autours de grands défis liés à l’eau tels que son traitement, la préservation des zones humides ou encore les maladies hydriques saisonnières liées aux inondations.
Sur la totalité des participants au Forum – près de 8 000 inscrits et 1 000 institutions partenaires –, les 10 lycéens mobilisés par l’IRD ont été les seuls représentants de la jeunesse à avoir eu l’opportunité de prendre la parole. Même si leur participation est restée « modeste », une enquête a montré qu’à l’issue de leurs interventions, ils avaient eu le sentiment « qu’il leur était possible d’être acteur du changement ». En outre, ce projet a également instauré une dynamique de réseau de clubs, favorisant un plus fort engagement des jeunes, des enseignants et des associations locales de médiation partenaires.
Un élan que l’IRD souhaite poursuivre et amplifier afin que cette « voix de la jeunesse » dans les événements scientifiques internationaux ne soit ni singulière ni un outil de communication, mais bien le reflet d’une stratégie d’actions science-société cohérente et de long terme.
1 Fruit d’une collaboration institutionnelle entre l’IRD, l’AFD, la Banque mondiale et l’Association des universités africaines (AUA), le projet ACE Partner favorise le rayonnement et la durabilité des réseaux thématiques entre les centres d’excellences africains (CEA).