Reconnaître les apprentissages et les engagements pendant le confinement

Adaptations

Les open badges sont des images numériques contenant des métadonnées qui rendent visibles les engagements, les compétences et les apprentissages informels. Plusieurs collectifs promouvant leurs usages existent aujourd’hui en France. Ils réunissent généralement les acteurs de l’insertion, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et surtout les mouvements d’éducation populaire dont des acteurs de la CSTI. Avec le confinement, ces réseaux se sont appuyés sur les open badges pour rendre visible et reconnaître les expériences et pratiques développées dans ces conditions exceptionnelles.

Reconnaître l’engagement dans des communautés de pratiques :

Avant même le début du confinement, la pénurie de matériel a motivé de nombreuses personnes et structures de type fab lab à produire masques et visières à destination des personnels soignants. C’est tout aussi rapidement que la nécessité de reconnaître cet engagement s’est fait ressentir, à la fois comme une revendication militante mais aussi comme une nécessité de visibilité vis-à-vis des pouvoirs publics. Des open badges ont ainsi été proposés par différentes communautés de makers : des badges plus génériques, n’impliquant pas de mouvement militant particulier pour avant tout révéler une communauté de pratiques et de contributions solidaires. Dans le prolongement direct de cette reconnaissance, des demandes ont émergé pour cartographier ces initiatives et les sites de fabrication, pour incarner les territoires de solidarité et surtout pour identifier les ressources de proximité.
Une autre initiative propre aux acteurs de la CSTI a concerné la production et la diffusion d’information fiables et vérifiées concernant le virus. C’est pourquoi des démarches sont également engagées pour reconnaître au travers d’open badges les pratiques, les savoir-faire méthodologiques et les initiatives de fact checking initiées par les communautés de vulgarisateurs, chercheurs, youtubers et professionnels de la médiation scientifique pendant la crise.

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Identifier les ressources et les compétences émergentes :

Un autre visage du confinement est l’adaptation des modes de travail et l’appropriation d’outils numériques pour pallier les contraintes de l’isolement professionnel. En l’espace de quelques jours, une vague de visioconférences et d’outils collaboratifs a déferlé. Dans le même temps, les blogs et sites web ont déversé leurs conseils et bonnes pratiques pour adapter son espace comme son rythme de travail. Proposition décalée et alternative à cette mouvance, le badge « Semaine de télétravail confiné » a été imaginé comme un outil interne au Dôme invitant à témoigner de ces adaptations. Il a finalement été demandé plusieurs centaines de fois un peu partout en France. Ainsi, chaque semaine, des membres des réseaux du Dôme, de la CSTI ou des open badges se sont saisis de cette proposition pour revendiquer un changement dans leurs pratiques, des découvertes inattendues mais aussi des échecs, des apprentissages informels hebdomadaires.

D’autres badges ont complété ce carnet de confinement. « Vous ne passerez pas », une injonction « pop culture » à adopter les bonnes pratiques et méthodes pour éviter de participer à la diffusion du virus. Avec le badge « J’peux pas j’ai continuité pédagogique », c’est autant la reconnaissance des enseignants que des parents qui a été revendiquée. En effet, la pandémie aura certes montré une capacité d’adaptation du système d’éducation, mais c’est surtout la cohabitation avec les enfants qui aura fait prendre conscience aux parents de l’engagement et de l’expertise des professeurs. Mais elle a aussi donné lieu aux propositions de celles et ceux qui ont continué d’imaginer et d’inventer de nouveaux modes d’apprentissages et de médiation, à l’image des « live interactifs » qui ont réuni de nombreux acteurs du réseau.

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Un besoin de reconnaissance en sortie de crise :

Dès la sortie de confinement, les institutions ont souhaité témoigner de leur reconnaissance aux personnels soignants mobilisés au front de la crise. L’accueil mitigé de ces initiatives témoigne d’une nécessité de refonder notre appréhension de la reconnaissance. L’attribution « d’images numériques » comme alternative à la distribution de médailles ne saurait être sérieusement défendue. Mais dans leur mode de conception et d’attribution, en s’appuyant sur des communautés de pratiques permettant l’expression de valeurs communes et légitimées par l’horizontalité de leur diffusion, les open badges affirment leur statut d’outil émergent pour explorer de nouveaux modes de valorisation, d’engagement et de réflexivité. Ils proposent des usages pour mieux identifier et revendiquer nos convictions et nos solidarités ainsi que les talents et compétences qui nous aideront à construire le monde de demain.

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