C’est une aventure qui débuta en 2001 à l’occasion du Xe anniversaire de la Fête de la science pour lequel Science Action Normandie (SAN) organisa un festival de culture scientifique pendant 10 jours au Parc exposition de Rouen sur près de 14 000 m2 d’espace d’exposition sous le nom d’Odyssée 21. L’ensemble des acteur·rices de l’éducation, de l’orientation et de la recherche étaient représenté·es ainsi que les grandes entreprises phares des filières industrielles régionales. Le continuum science, orientation métiers avait déjà toute sa place mais comme tout projet événementiel, cette intention se trouva limitée dans la durée. La pérennisation d’une telle ambition n’a pu se faire par manque d’espace permanent, de volonté politique sans doute et de compétences collectives.
En 2012, parmi une cohorte de 17 organismes à vocation régionale, œuvrant dans les domaines de l’orientation, de la formation, de la santé, de l’économie sociale et solidaire, de la culture et de l’environnement, SAN a rejoint le site régional dénommé aujourd’hui l’Atrium. À la faveur de la fusion des régions, SAN s’est vu confier par la Région Normandie la mission d’animation d’un espace d’exposition de culture scientifique au sein d’un plateau technique de 1 000 m2, situé au rez-de-chaussée de l’Atrium.
Un regard croisé en tant que coordinateur régional de la Fête de la science sur les acteur·rices de la CSTI et la richesse des grandes filières industrielles en Normandie a permis de proposer presque 20 ans après Odyssée 21, un projet de valorisation des acteur·rices de la recherche et du secteur socio-économique en mettant l’accent sur les innovations qui comptent pour la région dans le cadre d’un dialogue science et société. Cette initiative a reçu le prix de l’innovation de Régions Magazine dans la catégorie Formation-Éducation-Recherche et s’est vue renforcée dès son origine par un partenariat fort avec l’AROM, l’Agence régionale de l’Orientation et des Métiers de Normandie.
Depuis 2019, nous avons porté 4 grands projets de CSTI sur des temps longs en thématisant chaque proposition. Le continuum science orientation métiers déjà structuré en 2001 a alors pris tout son sens en mobilisant d’abord la filière Normandie AéroEspace sur la thématique de l’aéronautique et du spatial. C’est ensuite un travail avec la filière Energie en Normandie puis avec la filière Santé, sur des périodes de près de 20 mois, que nous avons produit des parcours de visite au sein de grandes expositions d’envergure nationale qui ont accueilli plus de 30 000 visiteur·ses.
Inauguration de l’exposition « Océan, une plongée insolite en Normandie » – Crédit : Science Action Normandie
Aujourd’hui, Océan, une plongée insolite en Normandie, la nouvelle exposition inaugurée en février 2024 s’appuie à la fois sur une version revisitée de l’exposition présentée en 2019 au sein de la grande galerie de l’évolution du MNHN[1] et des acteur·rices de la recherche et de l’industrie issu·es notamment de la filière Normandie Maritime. Tout le travail de concertation avec les partenaires des filières industrielles se construit à plusieurs échelles. Un premier contact avec la tête de réseaux en charge de l’animation de la filière est prépondérant pour circonscrire ses lignes de force, ses attendus et mesurer son engagement pour le projet. Sous forme associative, elle joue à la fois un rôle d’alerte pour respecter un équilibre dans les contributions des acteur·rices régionaux·ales mais aussi, le cas échéant, de validation des contenus scientifiques. C’est dans ce contexte que SAN mobilise les acteur·rices des filières avec l’opportunité de s’engager selon 3 dispositifs au choix en fonction des ressources mobilisables de chacun·e.
Il peut s’agir en premier lieu d’une contribution de contenus pour enrichir l’exposition avec la filière (objet/matériel, texte, vidéo etc.), d’une participation à des animations/rencontres organisées par SAN à l’Atrium dans le cadre de la programmation événementielle en accueillant des personnalités inspirantes ou bien encore de s’engager dans le cadre d’un mécénat en tant qu’acteur·rice économique.
À ce stade, il est important de signaler que la réussite d’un tel projet ne peut se faire que par la mobilisation de compétences très spécifiques avec beaucoup de technicité mais aussi avec des qualités relationnelles qui permettent d’instaurer auprès du tissu industriel une relation de confiance sur la durée. Sans oublier évidemment le rôle essentiel du travail muséographique pour produire un parcours de visite structuré au sein de l’exposition qui partage un récit captivant tout en conservant une dimension forte en termes de culture scientifique à laquelle nous ne devons pas déroger et qui s’inscrit dans le cadre du dialogue science et société.
Visite de l’espace « industrie et recherche » de l’exposition « Voyage vers Mars » – Crédit : Science Action Normandie
Pour conclure, il est nécessaire de rappeler que rien n’aurait été possible sans le soutien indéfectible de la collectivité régionale en termes de moyens et mobilisés dans la durée. C’est sans aucun doute une conséquence majeure de la loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche où la Région Normandie, tenant compte des évolutions institutionnelles, a pris toutes ses responsabilités en matière de diffusion de la culture scientifique en définissant une nouvelle stratégie insérée au sein de son Schéma régional de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Notes
[1] Muséum national d’Histoire naturelle