Les jeunes connaissent peu de métiers. Ce sont généralement ceux de leurs proches et les métiers surreprésentés dans les médias et la culture populaire. Ils sont souvent loin d’imaginer la variété des professions et toutes les possibilités qui s’offrent à elles·eux.
Autour d’un projet de bâtiment durable, ce sont des centaines de métiers qui gravitent : des électricien·nes aux acousticien·nes, en passant par les chargé·es d’affaires. Lorsqu’un programme de cybersécurité se monte, ce sont des analystes, des manager·euses de risques, des juristes et bien d’autres qui travaillent ensemble. Chaque secteur est riche en compétences mobilisées et ne cesse d’évoluer.
Parmi cette diversité, il y a les métiers dits « scientifiques, techniques et industriels », mal connus ou perçus comme « isolés » et inaccessibles, en particulier chez les jeunes filles, qui font face à la diffusion de normes de genre par leurs entourages et les médias. D’après une étude de l’Institut des politiques publiques datant d’octobre 2022, les jeunes femmes ne constituent que 17% des effectifs d’étudiant·es en mathématiques, ingénierie et informatique, et 35% en sciences de la terre et de la matière.
Face à ce constat, nous pensons qu’il est indispensable de développer une culture des métiers scientifiques, techniques et industriels, plutôt que de parler d’orientation. En tout cas, en faire un préalable. Il s’agit de raconter des filières, montrer l’aventure humaine et faire vibrer nos jeunes en quête de sens et de défis.
Il y a presque 10 ans déjà, nous souhaitions développer un nouvel outil de médiation permettant d’offrir une approche culturelle des métiers scientifiques et techniques. Appuyés par la Fondation CGénial et en partenariat avec des entreprises du secteur, nous avons imaginé une animation pour les scolaires, prenant pour point de départ un objet « totem » : à partir de celui-ci, nous pouvions balayer toute une chaîne de métiers associés à sa conception et son usage. Mais plus que cela, il s’agissait de montrer la manière dont ces métiers interagissent autour de missions communes et de défis à relever. C’est ainsi que sont nées les Boîtes à métiers.
L’animation a pris la forme d’un jeu de rôle, consistant à incarner un·e professionnel·le selon un badge remis, pour aller à la recherche de ses collègues utiles dans la réalisation d’une mission donnée. Ainsi, les équipes vont se former, chacun·e venant se présenter à l’autre pour expliquer son métier.
Les médiateurs et médiatrices offrent par ailleurs de nombreuses explications sur l’objet phare en question, de ses premières apparitions aux évolutions en cours et futures… qui amèneront encore de nouveaux métiers ! Si nous n’abordons que succinctement les voies d’étude et les diplômes, c’est avant tout pour ne pas glisser vers une démarche d’orientation et laisser les élèves se documenter si le déclic se fait.
Les toutes premières Boîtes à métiers portèrent sur le médicament et l’avion A350. Ce dernier était un incontournable de l’écosystème industriel toulousain.
Boîte à métiers Spatial – Satellite – Crédits : ThalèsAleniaSpace
Les élèves furent enchanté·es. De nouvelles voies s’ouvraient devant elles et eux.
Nous avons donc poursuivi : une Boîte à métiers sur le satellite, une autre sur le smartphone, puis encore une autre sur de la pâte à tartiner… Pour aboutir à 8 déclinaisons, abordant les filières de l’aéronautique, de la pharmacologie, du spatial, de l’agroalimentaire, du numérique ou encore de l’urbanisme. De nouvelles Boîtes sont en cours de conception, sur le thème de l’hydrogène vert par exemple.
Animation Boîte à métiers sur les métiers de la recherche – Crédits : Inrae
Chaque année, grâce au soutien de la Région Occitanie, Instant Science part à la rencontre de près de 3 000 jeunes de collèges et lycées sur l’ensemble du territoire, afin de leur partager cette culture des métiers scientifiques et techniques. Chaque élève remplit alors un questionnaire permettant d’évaluer leur ressenti suite à l’animation. Sur l’année 2023/2024, 89 % ont répondu que l’animation les avait « intéressé·es et fait réfléchir », et 3 % « rassuré·es ». Aujourd’hui, nous avons également décliné cette animation pour les demandeur·euses d’emploi. Si ces dernier·ères ont des attentes et des problématiques bien différentes de celles des scolaires, ils et elles ont ce même besoin de mieux connaître les opportunités, et plus particulièrement les métiers en tension sur le territoire.
Nous sommes heureux de contribuer chaque jour à la reconnaissance des métiers scientifiques, techniques et industriels, pour que les métiers de chaudronnier·ière ou écologue puissent être autant envisagés qu’une carrière d’enseignant·e ou d’avocat·e. Plus tôt nous interviendrons dans le partage de cette culture des métiers, plus vite nous permettrons aux jeunes d’entrevoir un nouvel avenir.
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