De plus en plus de voix s’élèvent pour dire que la vie démocratique ne peut se limiter aux seules élections et que les progrès techniques ne sont pas automatiquement vecteurs de bien-être. Face à ces préoccupations, des initiatives voient le jour pour ouvrir plus largement le processus démocratique sur les grands enjeux de société. Le 27 janvier dernier, cette approche s’est concrétisée par un grand débat, ouvert à tous, sur l’avenir de nos mobilités. Ces dernières pourraient en effet vivre bientôt une véritable révolution avec l’arrivée des véhicules sans conducteur dans nos territoires.
Le débat citoyen sur les véhicules sans conducteur, qui s’est déroulé dans 5 villes en France1, a été une première dans le monde. Il a réuni plus de 350 participant·e·s qui, en une journée, se sont appropriés la complexité des enjeux et des systèmes de mobilité.
Les participant·e·s affirment être curieux·ses ou intéressé·e·s par les véhicules sans conducteur et les systèmes de mobilité qu’ils vont constituer. Seul un sur vingt rejette cette évolution.
Un des principaux avantages perçus est la forte amélioration de la sécurité des déplacements. Ils disent aussi avoir des réserves. Ils ont vis-à-vis de ces véhicules et services, des exigences très strictes qui traduisent le fait suivant : ce changement a pour principal intérêt qu’il peut potentiellement répondre à des grands enjeux de société, qui dépassent largement les questions de rapports à son véhicule personnel :
- transformer notre modèle de mobilités pour répondre aux enjeux tels que le climat, l’amélioration de la qualité de l’espace public, et à condition que cette avancée technologique profite à tous les territoires, équitablement, et en premier à ceux qui ont de fortes difficultés liées aux mobilités ;
- fournir un service sûr et sans failles, depuis la propreté jusqu’au bon usage des données personnelles ;
- garantir l’accès de tous à la mobilité, notamment les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, les non titulaires du permis de conduire.
C’est à ces conditions – mobilité pour tous, fluidité du trafic, et impact positif sur la sécurité – qu’une grande partie des participant·e·s se dit prête à modifier ses comportements, et notamment, à envisager de renoncer à la voiture personnelle.
Quelques chiffres :
- 65 % des participant·e·s jugent l’arrivée des VSC souhaitable et probable et seuls 5 % sont méfiant·e·s ou rejettent leur arrivée ;
- 44 % sont prêt·e·s à renoncer à leur voiture personnelle, avec comme motivation principale l’urgence environnementale, suivie de près par les avantages personnels liés au changement de mode de déplacement ;
- « Monteriez-vous à bord d’un VSC ? » 44 % sans hésitation, 35 % si l’on peut reprendre les commandes, 21 % si l’on peut appeler un opérateur.
Un débat citoyen, comment ça marche ?
Au cours de ce débat, les participant·e·s ont pris le temps de l’information – grâce à un magazine du débat et des vidéos – de la réflexion, et du dialogue. La journée se déroule en cinq cycles de discussion, d’une heure environ, par groupes de 6 à 7 personnes. Les échanges mettent en avant les avantages, inconvénients et impacts sur nos vies. Ainsi, aucune connaissance préalable n’est nécessaire et – à la différence des sondages – les participant·e·s produisent un avis informé.
Demain, un débat citoyen européen
Le débat citoyen français est le premier pas vers de grandes journées citoyennes européennes qui se tiendront à la fin de l’année 2018 dans 20 villes et régions de l’Union européenne. Plus de 2 000 citoyen·ne·s se retrouveront pour débattre sur le futur de nos mobilités, selon la même méthode. Elles et ils seront plus de 10 000 à faire de même en ligne.
Les organisateurs du débat : la communauté d’agglomération de La Rochelle, la communauté d’agglomération Sophia Antipolis, la communauté urbaine Grand Paris Seine-et-Oise, Rennes Métropole, Toulouse Métropole et Sicoval, Airbus, Allianz France, le Forum Vies Mobiles (institut de recherche créé par SNCF), Keolis, VINCI, via Leonard, la plateforme de prospective et d’accélération de projets innovants du groupe et les Missions Publiques, le coordinateur du débat.
Pour aller plus loin :
Les vidéos du débat sur la chaîne YouTube « Débat citoyen »