Astu’sciences, tête de réseau de la CSTI en Auvergne – L’éducation populaire : moteur du développement de la politique culturelle scientifique en Auvergne

Du partage des sciences à l'engagement citoyen - 40 ans de politiques de CSTI
© astu’sciences

Exposciences Auvergne1 fête cette année ses 30 ans ! Cet événement, implanté aujourd’hui alternativement dans l’Allier et dans le Puy-de-Dôme, se veut comme un événement phare, organisé par et pour un réseau d’acteurs, animé par l’association astu’sciences2. Ces acteurs du domaine de la culture scientifique et technique, des sciences, du monde socio-éducatif et du développement territorial sont très différents en matière d’objectifs, de statuts, de modes de fonctionnement et de domaines d’actions.

Ainsi, astu’sciences est né de la volonté conjointe d’un petit collectif de fédérations d’éducation populaire, soutenu et dynamisé par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports du Puy-de-Dôme. Soucieux de développer les sciences et techniques, ce collectif a engendré en 1992, la première Exposciences de la région. Cette idée a largement contribué à réunir ces fédérations d’éducation populaire autour d’un projet commun, lui-même… fédérateur. 

Que ce soit dans le cadre scolaire, du loisir ou familial, le festival Exposciences propose aux jeunes de 4 à 25 ans de valoriser un projet scientifique ou technique, en animant un stand lors d’un événement de 2 à 4 jours ouvert au public. Créées au Québec, les Exposciences sont aujourd’hui organisées dans plus de 20 pays et le MILSET (Mouvement International pour le Loisir Scientifique Et Technique)3 soutient l’organisation d’Exposciences européennes et internationales. 

Dans les années 1990, le ministère de la Recherche développe une politique volontaire en matière de culture scientifique, technique et industrielle et encourage le débat sur ce que les sciences proposent. Il soutient les réseaux inter-associatifs, la professionnalisation des animateurs, le déploiement des Exposciences en France, crée la Fête de la science et implique les collectivités territoriales.

Une association se crée en 1991, “l’association de gestion de l’Exposciences Auvergne”, dont la gouvernance se veut la plus démocratique possible. Ainsi la présidence est confiée tous les deux ans à un membre différent du collectif.  Celui-ci s’ouvre à de nouveaux acteurs et intègre les scientifiques dans le dispositif (tuteurs, comités scientifiques, débats avec les jeunes…) afin de faire de l’événement un temps d’échanges entre les sciences et la société. L’intelligence collective de ces acteurs a, au-delà de l’installation durable des Exposciences, permis de développer concrètement le concept de « système ressources » pour le soutien aux politiques éducatives et culturelles territoriales, pour l’enfance et la jeunesse en Auvergne.  Impulsé là encore par Jeunesse et Sports, 6 systèmes, ressources thématiques seront mis en place en Auvergne avec des moyens financiers et humains : théâtre, livre et lecture, audiovisuel, activités scientifiques et techniques, éducation à l’environnement, arts plastiques.

Ce « système ressources » se définit comme suit par Jeunesse et sport : Un système ressources régional inscrit son action dans le champ de l’éducation populaire, du développement éducatif et culturel territorial, dans une démarche d’utilité sociale et d’économie solidaire. Son rôle est de constituer et de fournir, dans la durée, des ressources techniques, pédagogiques, méthodologiques accessibles financièrement et géographiquement. Pour cela, il allie souplesse et cohérence :
  • Il réunit un ensemble de moyens et de compétences spécialisées dans l’une des grandes familles d’activités éducatives et culturelles couramment identifiées, mais dans un souci de transversalité et complémentarité…
  • Il doit être capable de mettre en œuvre à l’échelle de la région Auvergne, un ensemble de services s’adressant aux acteurs locaux (collectivités et associations) en charge de politiques éducatives et culturelles territoriales, s’adressant particulièrement aux enfants et aux jeunes.

Il a permis d’introduire, dans la culture et les pratiques des acteurs, deux notions clés complémentaires :

  • la notion de réseau (ouvert) définie par : des partenaires spécialisés dans le domaine d’intervention considéré en capacité de fournir des ressources méthodologiques, techniques et/ou pédagogiques à l’intention des acteurs locaux, ainsi qu’à chacun de ses membres.
  • la notion de tête de réseau : ayant pour vocation :
  • d’organiser, à l’intention des acteurs externes, le traitement des demandes d’intervention qui sont faites au système ressource ;
  • de communiquer et d’informer sur les actions de ses membres ;
  • de repérer, à l’intention de ses membres, les ressources existantes ;
  • d’animer le réseau, de faciliter la réflexion, les échanges et la recherche interne, de contribuer au développement du réseau et de ses moyens ;
  • de participer, au côté des partenaires publics, à la recherche des financements nécessaires ;
  • de ne pas faire concurrence à ses membres.

Dès lors, de nouvelles missions d’accompagnement de projet et d’aide aux territoires se sont ajoutées au cahier des charges initial de l’association qui devient en 2001 « L’association de gestion d’astu’sciences, système ressources régional de culture scientifique et technique ».  

Le dispositif « emploi jeunes » a permis la création dès 2003 d’un premier poste de permanent, spécialisé dans le domaine de l’animation scientifique.

À l’époque les « bases estivales », initiées par le ministère de la Jeunesse et des Sports, proposent des séjours de vacances thématiques pour les centres de loisirs de la région. Ces bases estivales ont pris une part prépondérante dans la genèse d’astu’sciences en mobilisant dès l’année 2000, de nombreux partenaires institutionnels et associatifs autour d’initiatives scientifiques. De 2001 à 2004, l’association va coordonner et accompagner des structures (musées, associations…) dans la mise en place de 5 bases estivales en lien avec le patrimoine local. La mise en place de ces bases s’appuie donc sur les ressources territoriales et sur la complémentarité des acteurs éducatifs, culturels et économiques.

On notera également comme fait marquant, l’organisation d’une première Exposciences délocalisée régionalement en Haute-Loire (2005) et le développement de nouveaux projets : Nuits étoilées d’Auvergne et création du Collectif des Astronomes de la Région Auvergne, sciences buissonnières, participation à la Fête de la science…

En 2012, afin d’augmenter la visibilité des acteurs et de soutenir la co-construction d’actions culturelles scientifiques, un conventionnement avec le Conseil Régional d’Auvergne, permet la création de 3 postes supplémentaires. Parmi les projets qui viennent compléter l’offre d’actions de l’association, on retrouve : la constitution d’un pôle d’ingénierie et de formations, la création d’une plateforme web collaborative (culture-scientifique-auvergne.fr), l’organisation de forums professionnels et d’événements. Ce qui augmente l’audience et l’envergure de l’association, et son rôle sur la place publique. Une structuration qui sera légitimée par la loi de décentralisation qui confie la compétence culture scientifique aux Régions.

Ce conventionnement avec la Région, désormais Auvergne Rhône-Alpes, perdure encore aujourd’hui et assimile astu’sciences aux structures dites « CCSTI, Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle » de la Région.

En 30 ans, ce sont 875 projets et 18 000 jeunes exposants qui ont participé aux Exposciences dans le Puy-de-Dôme (depuis 1992), l’Allier (depuis 2017) et en Haute-Loire (de 2003 à 2017), en réunissant 72 000 visiteurs. Indéniablement, c’est par le développement des Exposciences, qu’astu’sciences a permis la promotion de la culture scientifique et technique sur le territoire, tout en portant ses valeurs clés : mise en réseau, co-construction et éducation populaire.   

Dans le cadre de la nouvelle feuille de route du ministère de la Recherche « sciences avec et pour la société », astu’sciences se questionne sur la transmission de ses valeurs avec l’évolution du paysage de la culture scientifique ? Comment maintenir ce fonctionnement en réseau dans les nouveaux projets ? Comment y garder la liberté de développer des projets imaginés et construits collectivement ?  Comment faire perdurer nos Exposciences et les maintenir comme un projet en constante innovation, levier de la citoyenneté et structurant pour le territoire ?

1 https://exposciencesfrance.fr/

2 www.astusciences.org 

3 https://milset.org

Avec la contribution de Pierre Bonton, Président de l’association A.R.T.S. (Art, Recherche, Technologie, Science), Hélène Brignon, Responsable du développement et des réseaux à astu’sciences et Vincent Chautard, ancien coordinateur d’Exposciences Auvergne.

Laisser un commentaire