Féminisons les Maths et l’Informatique

Du partage des sciences à l'engagement citoyen - 40 ans de politiques de CSTI
© Femmes & Mathématique
Le constat

Entre 1995 et 2015, la proportion de filles a augmenté dans les terminales scientifiques passant de 37 % à 47 %. Depuis 2019, la réforme du lycée et la crise sanitaire ont chamboulé ces chiffres mais le fait de demander aux élèves de choisir leurs spécialités en seconde augmente la part des stéréotypes dans leur décision. Ainsi, les élèves filles se dirigent toujours en moins grand nombre que les garçons vers des études supérieures scientifiques. Par exemple, en 2021, 28 % des étudiants dans les écoles d’ingénieurs sont des filles et ce taux n’augmente quasiment pas depuis quelques années.

La proportion de filles dans les études supérieures scientifiques, et plus spécifiquement en mathématiques et informatique (domaines scientifiques cibles de la fondation Blaise Pascal) a un impact évident sur la parité dans les métiers scientifiques et dans les postes de cadres. Preuve en est : en 2020, seulement 6,5 % des professeurs d’université en mathématiques pures sont des femmes (section 25). Les entreprises subissent aussi ce fort déséquilibre avec de moins en moins de femmes candidates sur les postes d’ingénieur, notamment dans le numérique. Elles ont de grandes difficultés à maintenir le même taux de féminisation que par le passé sur ces emplois. En parallèle, très peu d’emplois à fortes responsabilités sont occupés par des femmes dans ces domaines. En 2016, seules 9 % des startups françaises étaient dirigées par des femmes, alors qu’en 2020, 17 % des emplois du numérique innovant étaient occupés par des femmes.

Les raisons

Pour être en mesure de mettre en place des actions, notamment en médiation scientifique, permettant d’attirer plus de jeunes femmes dans des études supérieures en mathématiques et informatique, il est important de comprendre les raisons qui ont abouti à cet état de fait : pourquoi les jeunes femmes ne se dirigent-elles pas vers des études supérieures en mathématiques et informatique ? Pourquoi hésitent-elles à se diriger vers les diplômes les plus élevés et les filières les plus sélectives dans ces domaines scientifiques ? Comment faire pour que l’informatique retrouve des valeurs féminines ? Comment faire pour que les élèves filles ne soient pas dénigrées en cours de sciences ? Comment éduquer les garçons à ces problèmes ? Comment faire pour que la France ne passe pas à côté de la moitié de la population dans le domaine du numérique ? 

Les causes de cet état de fait sont multiples et complexes : depuis l’éducation genrée, en passant par les stéréotypes, les valeurs attribuées à l’informatique jusqu’au manque d’internats mixtes dans les lycées ayant des classes préparatoires. En particulier, les stéréotypes sociaux de sexe sont transmis depuis le plus jeune âge par les parents, l’école, les médias, la société tout entière. Le travail sur les stéréotypes de sexe s’avère donc très délicat. Il suffit d’avoir abordé une fois ces points en faisant attention aux réactions des participants et participantes pour se rendre compte de la difficulté de ce sujet. 

Les actions 

À la suite de ce constat, la fondation Blaise Pascal a mis en place des actions qui permettent de s’attaquer à ce problème sous différents angles : 

  • le changement d’image des disciplines mathématiques et informatique ;
  • la formation à la mixité pour les enseignants et les jeunes ;
  • l’orientation ;
  • l’évaluation de l’impact actions menées.

Par exemple, voici le programme d’une action appelée journée « filles et maths/info : une équation lumineuse », organisée par les associations Animath, femmes&mathématiques et la fondation Blaise Pascal à destination des élèves filles de la 4ème à la terminale :

  • une « promenade mathématique ou informatique » : conférence donnée par une mathématicienne ou une informaticienne, qui propose une approche non scolaire des mathématiques et de l’informatique ;
  • un atelier de réflexion sur les stéréotypes en mathématiques et informatique, sur les métiers sur lesquels peuvent déboucher ces études ;
  • un repas offert aux participantes ;
  • plusieurs temps d’échanges en petits groupes (« speed-dating ») entre les jeunes filles et des femmes scientifiques sur leurs parcours, leurs motivations, leurs expériences, etc ;
  • une pièce de théâtre-forum, intitulée Codée, proposée par la compagnie LAPS/équipe du matin.

Chaque journée se déroule dans une ville différente, dans un établissement d’enseignement supérieur. C’est une occasion pour les participantes de visiter et de se familiariser avec un lieu susceptible de les accueillir dans les années à venir.

De plus, les échanges avec les témoins du speed-meeting permettent de poursuivre le travail sur les représentations :
les jeunes filles ont accès à des modèles identifiants. C’est l’occasion de rencontrer des jeunes femmes scientifiques, qui deviennent des modèles accessibles en leur racontant leur parcours, en essayant de leur transmettre le goût des sciences et de les informer sur les débouchés concrets qu’offrent des études scientifiques.

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