Un nouveau projet scientifique et culturel pour le Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg, afin de s’adapter à un écosystème complexe et en constante évolution

Du partage des sciences à l'engagement citoyen - 40 ans de politiques de CSTI
Chantier du planétarium © Jardin des Sciences Université de Strasbourg

Fort d’une expérience dans le champ de la médiation de presque 40 ans (comme l’Amcsti), le Jardin des sciences apparaît comme une structure unique au sein d’une université française mais aussi européenne.

La structure compte actuellement plus de 30 salariés et ses activités s’articulent autour de 5 axes : la diffusion de la connaissance scientifique, la préservation et la valorisation du patrimoine, la formation des doctorants, enseignants-chercheurs et professionnels de la CSTI, l’action en territoire et l’action scolaire et éducative. Longtemps ses activités et axes de développements furent le fruit d’agrégations induites par des orientations politiques au sein de l’université ou des collectivités, des opportunités financières ou encore des collaborations ou partenariats. Ce modèle d’évolution atteint pourtant ses limites au regard des enjeux et transformations actuelles et à venir.

Ces changements impactent notre politique, notre fonctionnement, notre modèle économique et notre rapport aux publics à différents degrés. Ainsi, la Maison pour la science (ouverte en 2012) a intégré le Jardin des sciences en 2020. Ce rapprochement permet entre autres de construire une meilleure complémentarité entre l’offre de développement professionnel en sciences des enseignants du 1er et 2nd degrés et l’offre éducative pour les scolaires sur un même principe de co-construction entre médiateurs, enseignants et acteurs de la recherche. En 2018, un nouveau programme de recherche et sciences participatives (RSP), financé par l’IdEX, est développé dont le pilotage est confié à une chargée de mission RSP rattachée à la Vice-Présidence science et société. L’objectif est à la fois de permettre à des publics non académiques une meilleure appropriation des savoirs et compréhension des pratiques scientifiques, et d’inciter les acteurs de la recherche à décloisonner leurs pratiques et enrichir leurs connaissances.

Cette approche donne lieu à une stratégie d’établissement plus globale, financée dans le cadre de l’appel à projets « Idées » et portée conjointement par la vice-présidence Science et société et Relations avec le monde socio-économique et valorisation. Ce financement doit accompagner la mise en œuvre d’une Open University of Strasbourg (OPUS) visant à impliquer l’université dans le dialogue science et société et opérer un rapprochement avec le monde socio-économique. Le déploiement d’OPUS et des structures d’inter-médiation associées nous offrent l’opportunité de renforcer la mobilisation des RSP dans nos actions et la co-construction, la création et les actions culturelles avec des acteurs variés du territoire alsacien. 

Enfin, l’ouverture du nouveau planétarium et de l’accueil général pour les activités du Jardin des sciences en mars 2023, ainsi que a rénovation du musée zoologique – avec une ouverture en 2024 – , financées par l’opération Campus, constituent un tournant majeur pour enrichir l’offre culturelle et construire une interaction forte entre les publics, les acteurs de la recherche et les étudiants. Il s’agit également de construire les circulations et parcours de visites sur le campus historique, intégré à la Neustadt (classé patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2017), et les structures muséales adjacentes. L’ouverture du musée zoologique rénové au premier semestre 2024 nous oblige aussi à inventer un mode de gouvernance conjointe inédit avec la Direction des musées de la ville. 

Face à ces nombreuses transformations en cours et à venir, de nombreuses interrogations restent sur les meilleurs chemins d’adaptation à suivre et à construire. Nous devons repenser à court et moyen termes l’organisation générale du Jardin des sciences, tant sur le plan structurel, que de sa gouvernance au sein de l’université. Aussi, les pratiques de médiation développées et les publics auxquelles elles s’adressent doivent être ré-interrogées. 

Plusieurs démarches ont été entreprises à ce jour pour accompagner cette restructuration. A l’échelle de l’université, un plan d’actions « sciences en société » 2021-2025 porté par le vice-président culture, science-société et actions solidaires a été voté au CA. Un document stratégique concernant la gestion et l’accessibilité des musées et collections de l’université est également en cours d’élaboration.En outre, une aide à maîtrise d’ouvrage doit nous accompagner dans l’élaboration d’une gouvernance conjointe du musée zoologique et poser les cadres de la collaboration du Jardin des sciences avec la Direction des musées de la ville.

Enfin, un projet scientifique et culturel pour le Jardin des sciences est en cours de construction, impliquant les équipes, les partenaires au sein de l’université, les structures culturelles. Dans cet équation complexe doit être intégré le dialogue étroit avec les collectivités territoriales qui appellent à renforcer le dialogue science et société, et l’implication du citoyen dans le débat démocratique et sur les questions environnementales.

La notion d’un « écomusée des sciences », évoquée par Jacqueline Eidelman au cours d’un séminaire, entre en résonnance avec l’écosystème que nous développons à Strasbourg. Ce concept d’écomusée, construit par Georges Henri Rivière et Hugues de Varine dès les années 1970, qui redéfinit les contours du musée, implique les habitants d’un territoire dans son fonctionnement. Ce travail sur l’identité culturelle des communautés, l’interdisciplinarité, l’éducation et le développement, tant économique que culturel, d’un territoire, offre un cadre théorique pour nourrir les actions menées par le Jardin des sciences ces prochaines années. Nous misons sur la dimension culturelle des savoirs scientifiques comme catalyseur de dialogue science et société.

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