Développer des actions de CSTI au plus près des territoires

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Trois acteurs de CSTI (Ombelliscience, Pavillon des Sciences et Cap Sciences) situés dans trois régions (Hauts-de- France, Bourgogne-Franche- Comté, Nouvelle-Aquitaine) partagent leurs expériences de collaborations avec les collectivités territoriales afin de mener leurs projets au coeur des territoires.

Présentation de l’enquête sur l’implication des intercommunalités en CSTI en Hauts-de-France, 2021

Dans une perspective territoriale de développement de la culture scientifique, technique et industrielle (CSTI), l’échelon
de l’intercommunalité présente un avantage de taille : elle est suffisamment proche des besoins de ses habitants, et suffisamment forte, du fait de la coopération intercommunale, pour impulser des dynamiques collectives et rayonner sur un territoire élargi.

Afin de mieux comprendre comment les intercommunalités soutiennent le développement de la CSTI sur leur territoire, Ombelliscience a lancé une enquête d’observation en 2021 en Hauts-de-France. Au départ, un travail exploratoire d’identification d’actions, équipements, services, et agents impliqués dans le partage des savoirs, et soutenus par les EPCI, a été mené. Celui-ci a abouti à la réalisation d’entretiens semi- directifs auprès d’acteurs de 11 territoires, dont 6 communautés de communes, 4 communautés d’agglomération et une communauté urbaine en Hauts- de-France. Ceux-ci ont été interrogés sur leurs pratiques, la structuration de leurs actions, les freins et les leviers qu’ils ont expérimentés, pour le partage des sciences et techniques.

Si la CSTI est rarement une politique affichée en tant que telle des EPCI, elle peut se manifester au travers de diverses formes et pratiques, inscrites dans différentes compétences dévolues ou prises par les EPCI : culture, tourisme, patrimoine, développement économique, numérique, lecture publique… L’intercommunalité peut être gestionnaire d’équipements, tels que des musées ou centres thématiques (sciences, patrimoine historique technique…), des tiers-lieux, ou bien elle peut intégrer dans ses services des missions d’animation de réseau, de coordination ou encore de médiation des sciences et techniques. L’EPCI peut aussi prendre en charge la gouvernance d’Etablissements Publics de Coopération Culturelle, ou être financeur d’acteurs associatifs qui œuvrent dans le champ du partage des savoirs.

Ces formes diverses d’implications des intercommunalités sont autant d’exemples de ce qu’il est possible de faire, en tant qu’agent(e) ou décideur·se politique d’un EPCI, pour promouvoir la culture scientifique et technique sur son territoire. Ces exemples seront présentés plus en détail dans le compte rendu de l’enquête, en cours de finalisation. Celui-ci est désormais disponible sur le site d’Ombelliscience.

Amanda Dacoreggio, chargée de mission observation et évaluation à Ombelliscience

Relations Centre de culture scientifique, technique et industrielle et collectivités territoriales

Pour tous les acteurs de la CCSTI, les collectivités territoriales locales sont des « partenaires – prescripteurs » importants à la fois pour leur développement et leur financement. Les Centres de CSTI jouent, quant à eux, de nombreux rôles : d’animateur de réseau, de diffuseurs de bonnes pratiques de la diffusion des sciences, de facilitateurs d’orientation pour les jeunes vers les filières scientifiques et techniques, de sensibilisation des citoyens aux problèmes scientifiques et de mises en œuvre des politiques locales autour de la culture scientifique et de son développement d’aujourd’hui et de demain.

Depuis 8 ans, le paysage de la culture scientifique technique et industrielle (CSTI) a été modifié tout d’abord par la loi Enseignement supérieur et recherche du 22 juillet 2013 qui renforce la compétence CSTI pour les régions et ensuite par la loi NOTRe du 7 août 2015 qui réorganise les treize nouvelles régions entrainant la fusion, dans certains cas, de différents territoires régionaux.

L’État a transféré ses financements avec les compétences aux régions, mais renforce son action historique de co-financements dans le cadre de la fête de la science, par l’ouverture de programmes nationaux pour le développement de la CSTI (PIA, AMI, …)

La cinquantaine de centres de science qui participent aux actions de CSTI du territoire français ont dû ainsi évoluer dans leurs relations avec l’État en travaillant aux réponses des appels à projet, mais aussi en œuvrant avec les régions, qui détiennent la compétence CSTI, et les collectivités locales départementales, communales ou intercommunales qui, dans certains cas, participent à la vie et aux moyens financiers des centres de CSTI sur leur territoire aux côtés de la région

Ainsi, les Centres de CSTI ont dû apprendre à discuter avec ces différentes collectivités territoriales, pour disposer des moyens nécessaires afin de, non seulement, garder leurs savoir faires et les développer mais aussi pour répondre aux demandes et/ou discuter sur celles-ci.

Les directeurs de centres CSTI ont aussi dû impulser de nouvelles dynamiques et relation territoriales, tout en demandant aux équipes de développer de nouveaux outils de médiation, vecteurs de communication ou de création et de nouveaux lieux (tiers lieux, fablab,…).

La gouvernance des centres est aujourd’hui de la gestion humaine, de la valorisation et diffusion des sciences, des techniques et de l’innovation mais aussi de la gestion financière analytique, basée sur des indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour permettre aux politiques des collectivités territoriales concernées et à leurs responsables administratifs de démontrer l’efficience des actions de chaque centre de CSTI.

Didier Klein, directeur du Pavillon des Sciences, CCSTI Bourgogne Franche-Comté

Le Fablab Tour, une expérimentation de Cap sciences en Lot-et-Garonne

Le contexte territorial

Cap Sciences développe une politique régionale d’actions volontaristes, dotée de moyens dédiés, sur des territoires prioritaires ciblés annuellement par une veille qui met en évidence des « zones blanches » pour la diffusion de la culture scientifique.

Par ailleurs, la collectivité Val de Garonne Agglomération (VGA), à travers le programme TERRADOR soutenu par les Investissements d’Avenir, a souhaité mettre en place, avec l’aide de Cap Sciences, un projet qui, grâce à l’investissement de la collectivité dans des machines à commande numérique permet d’équiper le territoire (113 communes) d’un outil d’animation performant et de bénéficier d’un transfert de compétence pour sa mise en œuvre.

En 2020 et 2021, Cap Sciences a donc fait le choix de flécher ces moyens liés à sa mission d’accompagnement territorial sur le programme TERRADOR.

Cette politique d’actions volontaristes se fait en cohérence avec le projet CONNEXION, programme régional d’accompagnement des « Quartiers Politique de la Ville » qui se développe sur les territoires de Marmande et Tonneins.

Convaincre les élus

Les acteurs de CSTI sont conscients depuis de nombreuses années que les espaces hybrides que sont les Fab Labs, sont des outils pertinents pour développer l’esprit d’initiative et l’engagement des publics cibles que sont les jeunes entre 15 et 30 ans (Générations Y et Z). Un travail de pédagogie a été nécessaire auprès de la collectivité pour montrer que l’outil FabLab et le projet d’itinérance proposé par Cap Sciences, est en phase avec les objectifs du PIA TERRADOR et contribue à la mobilisation des citoyens aux enjeux du futur, à l’anticipation des changements économiques et sociaux, à l’orientation des jeunes vers les métiers scientifiques et techniques et au développement de la curiosité, de la créativité, de l’esprit d’innovation et de l’esprit d’entreprendre.

Le transfert de compétences au territoire

L’ambition du Fab Lab Tour est de doter le territoire des compétences nécessaires et des machines numériques pour programmer et animer un Fab Lab itinérant. Ce projet, pour lequel Cap Sciences a recruté, accompagné et formé une animatrice, issue du territoire Val de Garonne Guyenne Gascogne, s’appuie sur un Fab Lab itinérant dont s’est dotée au préalable l’agglomération avec l’expertise de Cap Sciences.

Impliqué pour ce transfert de compétences, Cap Sciences a mis à disposition ses personnels pour former cette personne aux différentes facettes de l’activité de « Fab Manager itinérant » (programmation territoriale 7 stations, coordination de l’itinérance, animation et la maintenance de la ressource).

Ce faisant, ce projet a favorisé aussi l’émergence d’un premier réseau d’acteurs locaux intéressés par le développement de projets de CSTI sur le territoire du Val de Garonne et préfigure de futurs partenariats avec Cap Sciences.

Epilogue

Le projet, conçu comme une expérimentation qui doit permettre à la collectivité de s’approprier un outil d’animation et de recruter une personne formée pour l’animer à l’issue de l’intervention de Cap Sciences, qui arrive à son terme en décembre 2021. Deux scénarios – un pilotage en régie ou une délégation à une structure du territoire – sont actuellement à l’étude et Cap Sciences reste en veille pour soutenir au mieux cette « greffe » de projet initié à l’aide de financement régionaux et d’Investissement d’avenir.

Françoise Fournié, responsable Mission Réseau Aquitaine à Cap Sciences

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