L’action politique est primordiale

Environnement et Médiation – COP 21
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Journaliste au Monde, Stéphane Foucart évoque le traitement du thème réchauffement climatique dans les médias et les expositions. Stéphane Foucart a été lauréat du Prix Diderot-Curien en 2012 avec Sylvestre Huet.

 

Les enjeux liés au réchauffement climatique vous semblent ils suffisamment connus du public ?

À l’évidence, ils ne le sont pas. Les sondages d’opinion sont très fluctuants et donnent souvent des résultats contradictoires, qui varient grandement en fonction de la tournure des questions… Cependant, une sonde à mon sens efficace est le niveau des conversations qui s’engagent sur Internet. La notion de réchauffement est fréquemment envisagée comme une augmentation graduelle, monotone et également répartie, des températures. Le terme même de « réchauffement » est plutôt rassurant et trompeur… Je crois que les enjeux réels du changement, en termes de sécurité alimentaire, de stabilité des sociétés, de maintien des économies, sont parfaitement méconnus du plus grand nombre.

 

Les chercheurs jouent-ils suffisamment leur rôle pour mieux faire connaitre ces enjeux ?

En France, il me semble que les communautés scientifiques engagées dans la recherche sur le climat ont fait un travail remarquable pour populariser leur sujet et sensibiliser l’opinion. Et ce, non seulement en préparation de la COP 21, mais également tout au long des dernières années. La réaction collective des chercheurs français face aux calomnies dont a été victime leur discipline a été exemplaire, et cela a un impact direct sur la perception du problème par l’opinion.

 

Depuis combien de temps la question du réchauffement climatique fait-elle l’objet d’articles ou de reportage ? Depuis quelques années, quelles sont les différences observées dans le traitement ?

Il me semble que le traitement médiatique du changement climatique a vraiment décollé au milieu des années 2000 et singulièrement en 2007 après la publication du quatrième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Au Monde, nous avons d’abord eu à coeur de couvrir de près l’évolution de la connaissance, par le biais des revues scientifiques, mais depuis quelques années, je dirais deux à trois ans, nous mettons aussi l’accent, par le biais du reportage, sur les effets déjà tangibles du réchauffement et ses impacts sur les sociétés.

 

Le traitement journalistique du thème réchauffement climatique a évolué, comment est-on sorti de l’angle « controverse », pour passer à celui de la gestion ou de l’engagement citoyen ?

Je crois que nous ne sommes pas encore complètement sortis de l’angle « controverse »…!

 

Les expositions présentées dans les musées ou les centres de sciences sur le thème du réchauffement climatique vous semblent-elles être des outils efficaces pour sensibiliser les publics ?

Oui, elles sont à mon avis fondamentales. Une muséographie intelligente permet de comprendre les mécanismes fondamentaux qui sont à l’oeuvre, ce que ne permet la couverture journalistique qu’à la marge. Pour commencer à se mobiliser, il faut s’approprier le sujet et pour s’approprier le sujet, il faut le comprendre en profondeur. Je dirais que pour comprendre ce qui se produit, les musées sont nécessaires et que pour s’y intéresser, les journaux sont nécessaires. Les deux manières d’entrer dans le sujet sont complémentaires.

 

Comment les citoyens peuvent-ils selon vous s’impliquer dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Auriez vous des exemples ?

J’ai beaucoup de méfiance pour les discours selon lesquels les actions individuelles peuvent jouer un rôle majeur pour résoudre le problème. Je crois que l’action politique est primordiale. Et pour que l’action politique soit à la hauteur, il n’y a pas trente-six solutions : il faut voter.

 

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