Congrès de l’Amcsti 2016 – Table ronde « Quels territoires des savoirs et des connaissances ? » – Manuel Zaclad

Science en partage 2.0
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Manuel Zacklad, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, pose son regard sur les territoires des savoirs et des connaissances et le 2.0.

 

La science en partage 2.0, qu’est-­ce que cela vous inspire ?

La science en partage fait référence à l’idée de science participative, qui est souvent pris en charge par des sites Internet. Le degré de participation y est variable et le contributeur peut se cantonner à chercher des données. Il peut parfois également y avoir une division du travail entre un grand public capteurs pour des chercheurs qui détiennent les hypothèses.

Le 2.0 comme science participative met également en lumière un rapport aux objets qui est différent, entre l’amateur, qui en ont une vision culturel et patrimonial, et le scientifique qui les considèrent comme des objets d’analyse. Cela ouvre à une forme de pluridisciplinarité dans les sciences.

 

Comment les territoires des savoirs et des connaissances peuvent-­ils se définir ?

Dans les travaux sur l’économie de la connaissance, l’accent est mis sur les brevets, les institutions de recherche mais la dimension territoriale n’est pas ou peu pris en compte. On aurait à faire à une production des savoirs hors sol. Il faut en prendre le contre pieds. On se rencontre sur le territoire. Les dimensions spatiales, de proximité, sont également très important. Cela renvoie aux travaux sur les clusters

Partant du postulat que certains territoires sont plus créatifs que d’autres, il s’agit de trouver les ingrédients qui font qu’un territoire soit producteur de savoir. La dimension économique, par la proximité des entreprises, la création de technopôles y est très importante, mais pas suffisante. Nous devons aussi prendre en compte la dimension non-­économique, d’ordre culturel, patrimonial, du cadre de vie… qui est tout aussi essentielle.

Si des entreprises ne trouvent pas de ressources culturelles et patrimoniales qui les motivent, elles ne s’installeront pas. C’est aussi une manière de rendre à nouveau attractive des zones sinistrées, en y valorisant les dimensions patrimoniales et les activités culturelles. La réhabilitation d’une partie de l’île de Nantes en est un bon exemple. Il faut cependant faire attention aux phénomènes de gentrification, qui peut faire perdre aux territoires ce que recherchaient au départ les acteurs économiques.

 

Quel est la place du réseau et du numérique dans la (re)construction de ces territoires ?

La culture du numérique se définit par le participatif, le faire. On peut l’utiliser pour contourner des processus bureaucratiques ou des entreprises installées (cf. l’économie collaborative). La culture numérique rejoint la dimension politique, les questions de gouvernance (l’empowerment).

Mais le numérique permet aussi de travailler hors des frontières, de créer des réseaux de réseaux, afin de produire en commun. Le numérique est au cœur d’un paradoxe : il permet à la fois de densifier les coopérations « locale », la proximité et de s’affranchir dans une certaine mesure des contraintes de l’ici et maintenant.

Le numérique favorise des formes d’auto­-organisation qui ne s’oppose pas à du présentiel. On peut prendre l’exemple du trans-média, ou la rencontre en face à face reste très importante, voire une finalité. Cet aspect de communication à distance va permettre de créer du lien et de favoriser des initiatives entre personnes ne vivant pas sur un même territoire et les mobiliser pour des actions collectives sur un autre territoire. On retrouve cet aspect dans le militantisme où des militants venant d’un territoire 1, 2, 3, 4… vont créer des liens grâce aux réseaux numériques, afin de mener une action sur un territoire 5. Cet aspect amène au constat suivant : il existe de plus en plus d’hybridation entre le numérique et le territoire.

Pour revenir sur la gouvernance locale, l’échelle du territoire (municipale, la collectivité territoriale, le département…) est une échelle souvent utilisé pour repenser l’action publique et en expérimenter de nouvelles qui se basent sur le numérique, comme on le voit dans certain projets de type « open data ».

 

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