« Porter la voix des sciences »

[Re]connaissance
©Frédérique PLAS / CNRS Photothèque

Le CNRS, fort de 31 500 chercheurs, ingénieurs et techniciens, fête cette année ses 80 ans, un âge respectable qui nous donne l’occasion, au fil des célébrations de cette année anniversaire, de rappeler que la science est partout dans notre quotidien, qu’elle a un impact important sur nos vies, même si cet impact peut prendre parfois du temps pour être visible au-delà de la communauté scientifique. Ce message peut sembler banal. Il ne relève pourtant plus de l’évidence tant l’apport et la place des sciences sont aujourd’hui trop souvent ignorés, voire contestés. Nos sociétés ont besoin de science et une institution comme la nôtre peut et doit contribuer à lui donner une voix.

Porter la voix des sciences, expliquer, dialoguer, communiquer, ouvrir grand les portes des laboratoires, éclairer le débat public toutes les fois que la rationalité scientifique est piétinée, mise à mal par les obscurantismes et les contre-vérités : ce travail relève non pas d’un engagement militant mais de la mission des chercheurs et des chercheuses.

La médiation scientifique est sans doute le domaine dans lequel cet engagement est devenu majeur. Aux côtés des professionnels, musées et centres de culture scientifique et technique, à leur demande aussi, les chercheurs et les chercheuses ont vocation à alimenter cette médiation. Du traditionnel 1 chercheur·e, 1 manip, organisé par Universcience depuis de longues années, à l’incubateur de médiation scientifique créé par l’Amcsti et le CNRS, qui a permis de faire travailler ensemble médiateurs, chercheurs et professionnels de la communication scientifique, les initiatives sont devenues foisonnantes, amplifiées et bousculées par la création de nombreux médias sociaux qui s’intéressent aux sciences. Le forum des Nouvelles Initiatives de Médiation Scientifique (NIMS), initié il y a trois ans par le CNRS et la CPU dont la dernière édition a eu lieu le 13 juin dernier en amont de la finale de Ma thèse en 180 secondes, en est le témoin.

Cette mission, au sens fort du terme, le CNRS la doit aux citoyens, sans aucun doute, comme un juste retour de l’argent public qui nous permet de mener dans notre pays, une recherche libre, « pure et désintéressée », pour reprendre les termes du physicien Jean Perrin, un des pères fondateurs du CNRS avec Jean Zay, qui fut le plus jeune mais pas le moins brillant ministre de l’Éducation que la France a connu.

Mais elle la doit aussi aux décideurs politiques et économiques, aux parlementaires, à tous les élus que l’expertise scientifique peut aider et renforcer dans leurs choix, en amont de leurs décisions.
Parce qu’il est le seul organisme de recherche qui abrite en son sein des équipes de tous les grands champs disciplinaires, le CNRS est le mieux placé pour alimenter, voire guider dans certains cas, les décisions et les politiques publiques qui cherchent à répondre à toutes les échelles aux grands défis posés aujourd’hui à nos sociétés : climat, biodiversité, intelligence artificielle, radicalisations. Il ambitionne de remplir ce rôle de conseil et d’aide à la définition des politiques de recherche, non seulement auprès du ministère en charge de la Recherche, mais également auprès des autres ministères et des collectivités territoriales. Les scientifiques, dont les laboratoires sont pleinement ancrés dans les territoires, y sont prêts.

Il appartient à l’institution de favoriser le cadre de ces échanges et de ce travail commun. C’est dans cet esprit que nous avons signé un protocole de coopération avec la Nouvelle-Aquitaine, le premier du genre qui permet de déterminer des priorités stratégiques communes entre le CNRS et la région. D’autres protocoles sont amorcés avec d’autres régions. Ce qui vaut pour les thématiques de fond vaut aussi pour les sujets d’actualité : la recherche a su se mobiliser sur les conditions de la mise en œuvre du « grand débat national » initié il y a quelques mois par le président de la République comme sur la restauration de Notre-Dame de Paris.

Cet engagement des scientifiques et du CNRS en tant qu’institution, tant auprès du public qu’auprès des décideurs publics, participe de la qualité de la recherche française et de la force de son impact. Le CNRS s’y emploie pleinement.

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